Atos, une faillite en perspective ?
Atos, leader mondial des services numériques, affronte actuellement une crise financière et stratégique majeure. Bien que l’entreprise joue un rôle crucial dans l’économie numérique française avec des solutions en cybersécurité, Cloud et intelligence artificielle, elle est confrontée à une dette colossale de 5 milliards d’euros.
Les récents échecs des négociations avec Airbus et le milliardaire tchèque Daniel Křetínský pour la vente d’actifs stratégiques ont aggravé la situation, faisant chuter la valeur de ses actions et entravant les efforts de restructuration. Face à cette crise, le gouvernement français envisage d’intervenir pour protéger les actifs stratégiques liés à la sécurité nationale. Par ailleurs, un plan de sauvetage mené par Onepoint et Butler Industries pourrait repositionner Atos comme un acteur clé de l’innovation technologique en Europe, tout en restructurant sa dette et en sécurisant ses activités critiques.
Source : https://www.latribune.fr/
Un contexte économique difficile
Avec une dette nette atteignant 5 milliards d’euros, la situation financière de l’entreprise est alarmante. Cette dette est en grande partie due à des investissements non rentables et à des choix stratégiques discutables, avec un retard significatif dans l’adoption des technologies Cloud. La révision des prévisions de revenus pour 2024, abaissées à 9,8 milliards d’euros, montre une diminution de 3,3 % par rapport à l’année précédente, ce qui illustre les défis financiers actuels. Malgré plusieurs tentatives de financement pour stabiliser les opérations, il reste un besoin urgent de 1,1 milliard d’euros pour les années 2024-2025 afin d’éviter des perturbations majeures.
Les efforts pour alléger la dette par la vente d’actifs stratégiques ont rencontré des obstacles majeurs. Les négociations avec Airbus concernant la division Big Data et Sécurité (BDS) ont échoué, entraînant une chute de 20 % de la valeur des actions et laissant l’entreprise sans acheteur pour ces actifs essentiels. De plus, la tentative de vendre la division Tech Foundations à Daniel Křetínský n’a pas abouti en raison de désaccords sur les conditions de la vente, ce qui a exacerbé la situation financière déjà précaire.
Pour protéger les actifs stratégiques, notamment ceux liés aux supercalculateurs et aux projets d’IA et de cybersécurité, le gouvernement français envisage d’intervenir pour empêcher leur acquisition par des intérêts étrangers. Cette initiative vise à stabiliser l’entreprise et à préserver ses capacités technologiques essentielles à la souveraineté numérique et à la sécurité nationale. Le ministre des Finances a soumis une lettre d’intention pour acquérir les activités souveraines, illustrant la volonté de l’État de maintenir ces ressources sous contrôle national.
Source : Tradingview
Perspectives de l’entreprise
Onepoint et Butler Industries ont proposé un plan de sauvetage visant à repositionner l’entreprise comme une plateforme européenne de premier plan dans le domaine digital, la cybersécurité et l’intelligence artificielle. Ce plan inclut une restructuration de la dette et la protection des actifs stratégiques, avec l’objectif de ramener l’entreprise sur une trajectoire de croissance durable. Les détails incluent une restructuration de la dette existante et une augmentation de capital potentielle pour stabiliser les finances. La réussite de ce plan dépendra de l’adhésion des parties prenantes et de la sécurisation des financements nécessaires.
La stratégie de scission consiste à créer deux entités distinctes : Tech Foundations, qui regroupera les activités traditionnelles d’infrastructure IT, et Eviden, dédiée aux technologies avancées et innovantes. Cette scission vise à mieux focaliser les ressources et les efforts de chaque entité sur leurs domaines respectifs, améliorant ainsi l’efficacité opérationnelle et la compétitivité sur le marché. La vente potentielle d’actifs de ces nouvelles entités pourrait permettre de réduire la dette globale et de générer des liquidités pour des investissements futurs, bien que cette stratégie comporte des risques de fragmentation et de perte de synergie.
Assurer la continuité des opérations dans des domaines critiques comme la cybersécurité pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 et les contrats gouvernementaux est primordial pour maintenir la confiance des clients et des investisseurs. La stabilisation de la direction et l’amélioration de la transparence financière seront des éléments clés pour restaurer la crédibilité de l’entreprise sur les marchés financiers. Si les défis actuels sont surmontés, l’entreprise pourrait se repositionner comme un acteur majeur de l’innovation technologique en Europe, en mettant l’accent sur la souveraineté numérique et la sécurité nationale, avec des perspectives de croissance à long terme prometteuses.