Bitcoin et écologie : on fait le point sur sa consommation électrique
Bitcoin fait couler beaucoup d’encre sur un tas de sujets, y compris celui de l’écologie. À raison, puisque Bitcoin est la cryptomonnaie qui consomme le plus d’électricité. Dans un contexte où cette thématique revient de plus en plus souvent, il est parfaitement normal de se poser les bonnes questions.
En fait, maintenant qu’Ethereum a fini sa migration actuelle, Bitcoin est la seule cryptomonnaie à être concernée par cette problématique. Toutes les autres ont en effet une consommation dérisoire car elles n’utilisent pas le même consensus pour valider les données dans leur système.
Souvent caractérisé de monstre énergétique, qu’en est-il vraiment ? Bitcoin est-il vraiment un danger pour la planète ?
Quelle est la consommation de Bitcoin ?
Bitcoin consomme beaucoup d’électricité. C’est un fait. Les études produisent des chiffres différents mais globalement si l’on recoupe les résultats pour vous donner un ordre de grandeur, on est entre 40 TWh/an et 100 TWh/an. Pour rappel, 1TWh = 1 milliard de KWh.
Pour vous donner des axes de comparaison :
- Une centrale nucléaire produit 8 TWh/an.
- Un pays de taille moyenne comme les Pays-Bas consomme environ 100 TWh/an.
- La France a une consommation électrique d’environ 500 TWh (source : edf.fr)
D’où vient cette consommation ?
Bitcoin est un protocole qui a besoin d’être sécurisé par un réseau d’ordinateurs. Plus ce réseau est grand, plus le protocole est sécurisé. Peu importe comment cette électricité est produite (nucléaire, turbine ou autre), ces ordinateurs ont besoin d’électricité. Ils le font pour participer au processus que l’on appelle le “minage” et qui permet de gagner des bitcoins en récompense à celui qui réussit à trouver la solution à un calcul mathématique.
Il est très important de comprendre que la consommation de Bitcoin n’est pas liée directement au nombre de transactions. Qu’il y ait des dizaines ou des milliers de transactions sur le protocole Bitcoin ne changera pas directement sa consommation.
La consommation fluctue en fonction du hashrate, qui est en fait la puissance de calcul générée par les mineurs pour sécuriser le protocole. Quand le cours du BTC s’envole, il devient plus intéressant de miner, cela augmente le hashrate. À contrario, quand le cours chute violemment, le hashrate a tendance à diminuer car il est beaucoup moins rentable pour les mineurs de sécuriser le réseau.
Malgré ces périodes de hausses et de baisses, la tendance de fond du hashrate, et donc de la consommation électrique associée, augmente au fil des années.
Mise en perspective de la consommation de Bitcoin
Les chiffres ont de quoi affoler, certes. Une telle consommation paraît injustifiée pour une utilisation aussi marginale que celle de Bitcoin. Après tout, qui utilise réellement Bitcoin au quotidien ? Très peu de personnes. Du moins en France ! Nous disposons d’une monnaie d’échange ‘relativement’ stable ce qui nous éloigne naturellement d’un intérêt particulier pour Bitcoin. Mais ce n’est pas le cas dans le reste du monde, dans des zones en proie à une instabilité monétaire ou une hyperinflation.
Dans ces endroits, le CV de Bitcoin comme monnaie d’échange et surtout réserve de valeur, prend tout son sens. Deux pays (Salvador et le Centrafrique) sont passés à l’action et ont fait de Bitcoin leur monnaie légale. Et d’autres s’y intéressent activement, notamment en Amérique du Sud et en Afrique.
Force est de constater que Bitcoin a une utilité qui donne de facto un peu de crédit à sa consommation électrique.
Ensuite, l’autre axe de réflexion est d’analyser notre système actuel, qui semble si parfait que l’on ne devrait jamais le remettre en question. Quelle est sa consommation, après tout ? Si l’on prend en compte l’ensembles des acteurs de la chaîne :
- Les banques (centrales, commerciales),
- Les distributeurs automatiques de billets,
- Les établissements financiers,
- Les transporteurs pour déplacer les fonds,
- Les établissement créant les pièces et billets,
- Les places de marchés
- Etc.
Combien cette infrastructure colossale consomme-t-elle ?
Cela tombe bien car un rapport appelé « Bitcoin : Efficacité énergétique des crypto-paiements » est sorti récemment, comparant les deux systèmes. Le résultat est sans appel : 4981 TWh/an. Le système de paiement classique consomme donc 56 fois plus que Bitcoin, avec un Bitcoin estimé à 90 TWh/an.
Bitcoin n’a pas d’intermédiaires et n’a pas de frais énergétiques collatéraux (bureaux, transports…). Cela lui donne un avantage stratégique énorme dans cette compétition éco-responsable.
Avant de tomber sur Bitcoin, il faut prendre en compte tous les paramètres : son adoption en cours et à venir, ainsi que sa supériorité technique.
Bitcoin au service de la transition énergétique ?
A la place du monstre énergétique, Bitcoin peut au contraire être perçu comme un élément favorable à la transition énergétique. Désormais des entreprises proposent des containers remplis de machines de minages, prêtes à être raccordées électriquement à une installation existante. Ce système est particulièrement intéressant pour exploiter tout surplus disponible.
Prenons l’exemple de nos centrales nucléaires françaises, qui ne produisent pas à 100% en été car la demande n’est pas aussi importante qu’en hiver. Pourquoi ne pourrait-on pas envisager de les faire tourner à pleine capacité l’été et utiliser le surplus pour miner du Bitcoin. Les gains en BTC pourraient être utilisés ensuite pour financer d’autres projets.
Autre exemple, pour les zones en voie de développement. Beaucoup de projets d’électrification ne sont pas validés, faute d’un modèle économique viable. Soit cela coûte trop cher, soit cela prend beaucoup trop de temps. Un barrage électrique va typiquement être en surplus les premières années, faute d’une demande suffisante. Plutôt que de gâcher cette énergie, elle pourrait être utilisée pour miner du bitcoin et ainsi amortir plus vite l’investissement de départ. Une fois les villes alentour construites et que la demande augmente, vous débranchez le container.
Conclusion sur la consommation de Bitcoin
Bitcoin consomme une grande quantité d’électricité, c’est un fait, et cela n’est pas près de changer. Mais évaluer Bitcoin uniquement sur sa consommation électrique est injuste tant la solution proposée par Satoshi Nakamoto peut se démarquer à l’avenir. Clairement moins gourmande que le système actuel, elle utilise une grande part d’énergies renouvelables. Mieux, Bitcoin est en mesure de jouer un rôle déterminant pour le développement et la transition énergétique.