Comment le marché réagit face aux nouvelles politiques monétaires ?
C’est dans un contexte de plus en plus lourd que les marchés peinent à avancer. En effet, le jeudi 9 juin 2022 s’est déroulé la déclaration politique monétaire de la BCE. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a souligné le fait que la BCE mettra en place soit des instruments existants ajustés ou de nouveaux instruments qui seront rendus disponibles pour faire face à ce climat néfaste.
Ces paroles viennent s’ajouter à la décision générale du Conseil des gouverneurs de mettre fin à son programme d’achats d’actifs dès le 1er juillet. Une politique qui vient s’aligner à celle de la FED. Un arrêt des mesures de soutien et une augmentation des taux seront donc la ligne à suivre pour les prochains mois de l’année 2022.
Cette politique n’est pas une surprise au vu de la conjoncture économique mondiale actuelle et des divers signes de ralentissement omniprésents sur plusieurs classes d’actifs.
JUNK BONDS
Dans un précédent article nous avions évoquer la pertinence de l’ETF SPDR (ETF), connu aussi sous le nom de JNK (JUNK BONDS). Pour rappel, cet ETF trace les obligations corporatives à haut rendement. C’est un bon driver concernant le sentiment de marché risk-on/risk-off car il met en avant l’appétit pour le risque des investisseurs quand celui-ci tend à performer ou à rebondir.
Sa performance depuis le début 2022 n’a donc pas changé, malgré un léger rebond pendant la semaine du 23 mai, la réalité a vite repris le dessus et entraine une nouvelle jambe baissière. Le sentiment risk-off est toujours aussi présent et ne donne aucun signe de changement de tendance. Il est généralement connu qu’une hausse des taux pousse à éviter les actifs risqués. La situation du marché action et du marché des actifs risqués en général était déjà sous tension et avait plus ou moins pricé ces nouvelles politiques monétaires de la BCE/FED.
Hausse USD/JPY
On peut également s’attarder sur la paire USD/JPY (Le dollar américain face au Yen japonais) qui reflète d’une part l’état de santé de la partie Asie mais aussi l’état actuel de la politique de la FED. La raison principale est la tendance à la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis. Cela rend les actifs libellés en dollars plus attrayants pour les investisseurs à la recherche de rendements plus élevés.
Le rendement des obligations à 10 ans a grimpé au-dessus de 3 %, ce qui représente un plus haut depuis 2018. On peut penser que les traders continuent de parier sur une série agressive de hausses de taux de la part de la Réserve fédérale. La paire affiche une performance de plus de 18% depuis le 1er janvier 2022. Gardons à l’esprit, que nous ne sommes pas à l’abris d’une nouvelle crise financière asiatique si le yen japonais descendait à 150 par rapport au billet vert. Un niveau qui n’a plus été vu depuis l’été 1998.
La FED qui reste le driver du marché mondial, a vu les différentes politiques monétaires des autres banques centrales s’aligner à la sienne. En effet, la BCE a annoncé une hausse des taux mais également la Reserve Bank of Australia qui a surpris les économistes avec une hausse plus importante que prévu en début de semaine. Face à ces hausses de taux, la Banque du Japon a choisi de maintenir sa politique monétaire souple pour aider à financer les ambitions de dépenses du gouvernement et à gérer soigneusement les rendements des obligations d’État japonaises, considérée par les économistes comme une forme ultra-libre de politique monétaire.
Techniquement, la paire fait face à la résistance des 134.5/135. Le prochain niveau en cas de break haussier est le niveau des 150. Niveau qui pourrait faire place à une nouvelle crise financière dans toute la région, comme la crise asiatique à la fin des années 1990.
Pétrole
Concernant le pétrole, il ne cesse d’évoluer pour reprendre ses plus hauts de l’année établis aux alentours de 125$. Fondamentalement parlant, on se trouve dans une situation où l’inventaire, dû à un manque de production, se trouve au plus bas.
Les dernières informations sortantes de l’OPEP, sont telles que la production va repartir et augmenter certes, mais cela représentera seulement 0.2% d’augmentation de l’offre totale.
Les derniers chiffres indiquent une augmentation de 432 000 barils par jours à 648 000 contre une demande totale de 98 millions.
Techniquement les prix ne sont plus qu’à quelques dollars du plus haut de 2022. Une phase de range avait été mise en place depuis l’échec sur les 125$ courant mars 2022. Les acheteurs ont pu reprendre la main avec cette cassure par le haut du range et ce pullback sur la borne haute réalisé début juin. Le scénario possible pour les acheteurs est donc d’atteindre dans un premier temps les 122$ puis reprendre les 125$. Ces 2 niveaux seront susceptibles d’être très regardés par les vendeurs à découvert qui pourraient se voir offrir 2 belles opportunités pour rentrer short. Il faudra également prendre en compte une certaine prise de bénéfice des acheteurs à ces niveaux-là, qui pourrait appuyer la volonté des vendeurs à découvert.
Vision à moyen terme sur l’année 2022
Les annonces des banques centrales et le climat d’inflation toujours aussi persistant, annonce une deuxième partie d’année 2022 qui sera rythmé par des flux de liquidité assez importants sur les marchés. Peu de feux sont aux verts, pour ne pas dire aucun.
Il faudra rester attentif aux annonces des grandes banques centrales et surtout aux données économiques de la zone US, Asie et Europe qui permettront, par le biais du marché du travail, du logement et des taux de dessiner un potentiel point bas de marché. Le S&P 500 est potentiellement amené à rejoindre ses plus bas de 2022 au vu de la configuration technique et surtout fondamentale du marché.
À court terme, la zone des 3956-3976 points fait office de support. Certains acheteurs pourront défendre leurs positions à ces niveaux de prix. Mais il faudra garder en tête que les 3812 points restent le support annuel. Il faudra donc s’attarder avec intention sur ce niveau de prix si les vendeurs arrivent à pousser l’indice à ce niveau.