Devises : l’euro pointe au plus haut
L’euro connaît une ascension remarquable depuis la saison estivale. La monnaie unique a atteint un niveau jamais vu depuis 2018. Notre devise s’apprécie face au dollar, laissant entrevoir aux investisseurs étrangers des possibilités en Europe.
C’est la bonne nouvelle du jour. L’euro se stabilise après avoir pointé régulièrement au plus haut depuis le début de l’été. Le 7 octobre dernier, à l’ouverture et face à une monnaie américaine en baisse, l’euro s’est établi à 1,1764 dollar (soit une augmentation de 0,26%). Des chiffres qui viennent joliment conclure l’envolée de la devise européenne, qui truste depuis mai dernier un niveau jamais atteint en deux ans.
Une dynamique impressionnante
Cette ascension fulgurante s’est opérée par étapes. D’abord la monnaie unique a profité du plan d’urgence de la Banque Centrale Européenne (BCE) le 18 mars dernier. A l’annonce de ce programme d’urgence de 750 milliards, qui devait soutenir l’économie en pleine pandémie, l’euro a amorcé un rebond. Alors qu’il avait chuté à 1,06 dollars, il a gagné près de 9%.
La devise européenne a ensuite connu une véritable envolée deux mois plus tard. Le 18 mai, le plan franco-allemand de relance a été présenté. Après quatre jours d’intenses négociations, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont affirmé leur volonté de créer un marché obligataire commun, à travers l’émission de plus de 700 milliards d’euros de titres de l’Union européenne. Cette image d’une Europe unie a joué en faveur de sa monnaie. « Cet accord montre que l’Europe est capable de se mobiliser malgré des divergences de vues majeures », relevait alors Ebrahim Rahbari, stratégiste Devises chez Citi.
En continuant sans cesse de s’apprécier face au billet vert américain, l’euro a atteint des niveaux inédits depuis septembre 2018. Il a d’abord atteint 1,16 dollars au moment de l’annonce du plan de relance de la BCE, puis 1,17 en mai. En juillet, notre monnaie a enchaîné une séquence impressionnante de onze hausses consécutives, se stabilisant au plus haut.
A noter également que le dollar signe sa pire performance en taux de change effectif depuis une décennie face aux devises en général. Rien que depuis le début de l’année 2020, il a perdu plus de 5% face à l’euro.
Les États-Unis comme facteur x
Cette envolée de l’euro sur fond de vastes plans de relance s’est opérée alors qu’outre-Atlantique le président Donald Trump peinait à négocier sur le sujet avec le Congrès. Pendant l’été, d’autres éléments sont venus mettre la pression sur le dollar. Comme l’escalade des tensions diplomatiques entre Pékin et Washington : fermeture du consulat américain à Chengdu après celle du consulat chinois à Houston ; vif conflit autour de l’application Tik Tok etc.
Cette dynamique économique inversée entre les deux pôles a fait la part belle à l’euro. La zone euro est donc redevenue intéressante pour les investisseurs internationaux alors que les Etats-Unis accumulaient les difficultés. Les investisseurs se sont repositionnés sur les actifs du Vieux continent. Un pool d’actifs nouveau, bien noté, est forcément plus attractif pour les gérants de portefeuilles.
Mais depuis la rentrée, la devise européenne s’est stabilisée au plus haut, dans un contexte économique bien différent. Le président américain s’est en effet affirmé en exhortant son Congrès de voter rapidement un plan de soutien de 25 milliards de dollars pour le secteur aérien, 135 milliards de dollars d’aides aux petites entreprises et de verser 1.200 dollars d’aide à chaque foyer américain. Cette perspective de relance a donné un nouveau souffle aux marchés américains (la Bourse de New York a augmenté de 1,91%) que l’euro a pu exploiter. Il est revenu sur le seuil de 1,19 dollar après avoir poussé jusqu’à 1,20 début septembre. Même s’il est – un peu – retombé depuis, les vives inquiétudes concernant l’état de santé de Donald Trump lui ont permis de se maintenir très haut. «Le haut niveau d’incertitudes politiques au début du week-end a quelque peu diminué avec la réduction des inquiétudes concernant la santé du président Trump», expliquait alors Derek Halpenny, analyste pour MUFG.
Conclusion sur l’euro et son ascension remarquable :
La devise européenne s’est hissée, face au dollar, à un niveau qu’elle n’avait plus atteint depuis 2018, se stabilisant encore aujourd’hui à 1,17 avec de brefs pics jusqu’à 1,20. Renforcée par les efforts économiques et la solidarité des États membres et moteurs de la zone euro, l’Europe semble rassurer les investisseurs étrangers. Malgré la pandémie, le Vieux continent affiche toujours un certain dynamisme économique. Mais l’appréciation de l’euro face au dollar est aussi influencée directement par la situation socio-économique étatsunienne.
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