Fabrice Tourre et le scandale Goldman Sachs
Fabrice Tourre, surnommé Fabulous Fab, est le seul trader de Wall Street à avoir été déclaré coupable de la crise des subprimes. Cet ancien employé de Goldman Sachs, très expérimenté, reste cependant convoité à l’international. Découvrez le parcours de cette figure controversée de la finance moderne.
Fabrice Tourre, fils de cadre et d’une mère podologue, est né le 19 décembre 1979 à Paris. Il est l’une des personnalités françaises les plus controversées de Wall Street. Son nom est solidement rattaché à Goldman Sachs, célèbre banque d’investissement américaine.
Mais comment tout cela a commencé ? L’homme a d’abord suivi un bon parcours scolaire, en évoluant dans des établissements parisiens prestigieux : Henri-IV et Louis-le-Grand par exemple. Après un stage de deux mois dans le Groupe Bouygues, il sort diplômé de l’École centrale Paris en 2001. Il décroche ensuite un master en recherche opérationnelle à Stanford aux États-Unis.
L’aventure Goldman Sachs
Le jeune homme est rapidement embauché par Goldman Sachs et évolue dans la division des crédits hypothécaires. Il devient, de 2004 à 2007, opérateur de marché en dérivé de crédit exotique. D’abord simple analyste, il obtient rapidement le titre de vice-président. Tourre est compétent et s’enrichit. Ses primes lui permettent de gagner deux millions de dollars.
Son personnage devient célèbre aux yeux du grand public. Son surnom fuite puis fleurit dans la presse, Fabulous Fab (pour « Fab le Fabuleux »). Fort de ses bons résultats, il est nommé en 2008 directeur exécutif au sein de Goldman Sachs International. C’est la filiale londonienne de la banque.
L’affaire Abacus
Pour beaucoup, Fabrice Tourre est l’un des noms synonymes de crise des subprimes. Mais pour quelle raison ? Pour faire simple, en pleine crise, Goldman Sachs a spéculé sur l’effondrement des produits de type subprimes. Pourtant, elle en vendait à ses clients : notamment de l’Abacus 2007 AC-1. Il s’agit de produits complexes, adossés à des crédits immobiliers aux Etats-Unis. Le but était, début 2007, de permettre au milliardaire John Paulson (dont nous avons déjà parlé ici) de spéculer sur l’effondrement de l’immobilier. La banque a délibérément trompé des investisseurs sur les risques qu’ils prenaient en achetant des obligations toxiques.
John Paulson vendait à découvert de l’Abacus et a engrangé jusqu’à un milliard de dollars. Il pariait à la baisse sur l’immobilier, pendant que Goldman Sachs incitait ses clients à jouer à la hausse. Abacus a fini par perdre 99 % de sa valeur, avec les conséquences désastreuses que l’on peut imaginer pour les investisseurs.
Fabrice Tourre, seul responsable ?
C’est à ce moment que débute fin 2009 l’ouverture d’une enquête de la Securities and Exchange Commission (SEC). Elle dépose plainte pour fraude contre Goldman Sachs. Le scandale entraîne immédiatement une chute du titre de la banque de 12 %. Mais quel rapport avec Fabrice Tourre ? Et bien la plainte le vise directement. En cause, un mail de ce dernier datant de janvier 2007. Il y prédit l’écroulement des subprimes et se vante d’être le seul à pouvoir y survivre. Sur un autre document du 26 février, il détaille une vente d’un milliard de dollars du produit Abacus. Tourre, qui fait la Une du site web de CNN devient le grand responsable de l’affaire. John Paulson, lui, n’est pas inquiété.
Le 27 avril, Fabrice Tourre et plusieurs dirigeants de Goldman Sachs sont auditionnés par une commission d’enquêtes du Sénat américain. Le natif de Paris nie en bloc pendant un temps. Mais un accord conclu entre la banque et la SEC le met dos au mur : l’abandon des poursuites contre une amende de 550 millions de dollars. Fabrice Tourre demeure donc le seul poursuivi dans l’affaire.
La condamnation emblématique de Fabrice Tourre
L’ancien directeur exécutif se défend comme il peut, mais rien n’y fait. Le 10 juin 2011, le tribunal fédéral de Manhattan accepte partiellement la plainte. Il estime que « Tourre était le principal responsable du produit Abacus et de ses prospectus de vente ». Mais également que la SEC a produit suffisamment d’arguments montrant qu’il avait trompé ses clients.
Son procès s’ouvre finalement le 15 juillet 2013. Il est presque sans précédent. Le journal La Tribune le qualifie de « procès le plus emblématique de la crise financière de 2008 ». Le Monde le présente comme le « Dr Frankenstein » de Goldman Sachs. Sa défense reste financée par la banque américaine. Mais son supérieur hiérarchique, Jonathan Egol, témoigne contre lui. Le 1er août, il est reconnu coupable de six chefs d’accusation sur sept, dont celui de fraude boursière. Le 16 décembre, la SEC exige 910 000 dollars d’amende. Elle n’en obtiendra que 825 000. Le New Yorker commente ainsi ce verdict historique : « C’est le premier et seul banquier de Wall Street à avoir été déclaré coupable de la crise financière de 2008. »
Après le scandale, Tourre se reconvertit
A la fin de son procès, cela fait déjà 4 ans que la licence de Tourre lui a été retirée. Mais le Français a su rebondir et ce, dès 2011. Il a en effet repris des études : notamment un doctorat d’économie à l’Université de Chicago. Grâce à toute son expérience accumulée à Wall Street, il devient chargé du cours d’« Éléments d’analyse économique » dans cette même université en 2014.
Très tôt, Fabulous Fab était capable d’enseigner. En parallèle de ses études sur le campus de Stanford, il était assistant pédagogique et donnait des cours particuliers. Après l’obtention du doctorat, il rejoint le département d’économie de l’université Northwestern. Il est finalement nommé professeur assistant au département Finance d’une école de commerce de Copenhague. Il occupe toujours ce poste malgré les polémiques que cela a pu susciter.
En résumé :
L’affaire Abacus et son aboutissement judiciaire ont considérablement marqué l’histoire récente de la finance. Fabrice Tourre, à la fois trader talentueux et expérimenté, est devenu l’une des figures les plus controversées de la crise des subprimes. Pour beaucoup, Fabulous Fab représente les aspects négatifs du trading moderne, quand l’avidité d’hommes et grandes institutions profitent de crédules investisseurs.
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