Faillite des États-Unis, un risque limité
Le risque de faillite des États-Unis lié à la gestion de sa dette, est une question complexe et importante dans le domaine de l’économie et de la politique. Elle fait donc grand bruit depuis quelques semaines maintenant.
Un défaut de paiement des États-Unis, quoique improbable, aurait des conséquences immédiates pour les ménages, la Bourse, les taux d’intérêt et l’économie. L’or et le yen, valeurs refuges, pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu.
Comment fonctionne la dette aux USA ?
Aux États-Unis, le gouvernement emprunte de l’argent pour financer ses dépenses et couvrir son déficit budgétaire en émettant des obligations d’État, communément appelées bons du Trésor.
Le plafond de la dette a été voté pour la première fois en 1917. Il avait pour objectif de financer l’effort de guerre américain lors de la Première Guerre mondiale. Auparavant, le Trésor devait systématiquement demander l’autorisation au Parlement à chaque émission de dette.
Cependant, il existe une limite légale à la quantité d’argent que le gouvernement peut emprunter, connue sous le nom de « plafond de la dette » ou « plafond de la limite d’endettement ».
Lorsque le plafond de la dette est atteint, le gouvernement ne peut plus émettre de nouvelles obligations pour emprunter de l’argent supplémentaire, ce qui crée un risque potentiel de défaut sur la dette.
En d’autres termes, le gouvernement pourrait ne pas être en mesure de rembourser les intérêts ou le principal sur ses obligations existantes, ce qui est considéré comme une situation de faillite.
Le plafond de la dette américaine a été atteint à la mi-janvier 2023 et dépasse les 30 000 milliards de dollars (31 400 milliards d’USD).
Les conséquences directes sont extraordinaires pour le Trésor qui a vite réagi, comme un pompier voulant estomper la hauteur de la flamme pour retarder la date fatidique :
- Pas de versement des cotisations au fonds de retraite des employés fédéraux.
- Une période de suspension d’émission de dette a débuté et durera jusqu’au 5 juin prochain.
Maintenant, le brasier reste vif, et les mesures extraordinaires épuisées. Cela reste temporaire et ne règle pas le problème de fond.
Différence de fonctionnement avec la dette française
En ce qui concerne la gestion de la dette en France, il y a des différences importantes. En France, il n’y a pas de plafond de la dette similaire à celui des États-Unis. Le gouvernement français peut emprunter de l’argent sans limite spécifique, mais il doit tout de même s’assurer de pouvoir rembourser celles-ci.
La gestion de la dette en France repose sur d’autres mécanismes. Le gouvernement établit un budget et prévoit combien il empruntera chaque année pour financer ses dépenses. Il y a des règles et des limites qui sont fixées au niveau européen pour s’assurer que les pays de l’Union européenne maintiennent une certaine discipline budgétaire.
Des agences de notation, viennent également “sécuriser” le système, et obligent ainsi les Etats, quand ceux-ci dérivent, à mettre en place des mesures d’ajustements pour conserver une bonne note et donc un taux d’emprunt correct.
Ça a notamment été le cas pour la France, avec la réforme de retraite mise en place en partie, pour conserver une bonne note auprès des agences de notations et ainsi pouvoir emprunter à un taux raisonnable.
Quelles répercussions sur les marchés ?
En cas de faillite, et donf de défaut de paiement de la dette par les États-Unis, les conséquences économiques au niveau national et international pourraient être importantes :
- Augmentation des taux d’intérêt,
- Perte de confiance des investisseurs sur la solvabilité du gouvernement américain.
- Instabilité importante des marchés.
- Retard ou défaillance de paiement de certaines activités gouvernementales.
Côté économie américaine, le service du budget du congrès (CBO) estime que les États-Unis auraient jusqu’à la fin juillet au moins pour. financer son fonctionnement. Avec quelques « mesures extraordinaires supplémentaires et des recettes fiscales de fin de trimestre ».
Cela pourrait également affecter la valeur du dollar américain et causer des répercussions négatives sur l’économie mondiale.
La raison est simple :
- Aujourd’hui, 80% des transactions en termes de change impliquent le dollar.
- 50% des biens sont achetés en dollars (USD).
Pour acheter en USD, les pays doivent aujourd’hui acheter de la dette américaine. Mais qu’en est-il lorsque la confiance en cette dette n’est plus ? Vous n’avez tout simplement plus de dollars disponibles.
Les grands gagnants pourraient être l’Or et le Yen en valeurs refuges. quid des cryptomonnaies ?
Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur les États-Unis comme le défaut de paiement de sa dette et une dégradation de sa note par les agences de notation, pourraient faire que des valeurs refuges ou alternatives comme l’Or et le Yen japonais et les cryptomonnaies tirent leur épingle du jeu.
C’est d’ailleurs ce qui c’était passé en 2011 lorsque la note des Etats-Unis est passée de AAA à AA+ (un cran de moins) par Standard & Poors.
Pour bien comprendre ce mécanisme, il faut revenir à la fin 2022.
En Europe la crise énergétique qui sévissait jusqu’en novembre dernier ainsi que les prévisions d’un ralentissement conjoncturel hors USA, ont favorisé les investisseurs à aller sur le dollar américain, au déficit de l’Euro et du yen notamment.
On le sait bien, sur les marchés c’est souvent le cas, la roue tourne. Les perspectives de croissance mondiale pour 2023 étant au vert, du fait de la réouverture de l’économie chinoise notamment, mais également par le fait qu’en Europe et au Japon, les prix de l’énergie se sont effondrés en raison d’un hiver clément dans l’hémisphère nord, de stocks suffisants de gaz naturel et des efforts des gouvernements pour trouver des alternatives aux approvisionnements russes.
Ces éléments viennent donc en défaveur du dollar américain au moment où les stratégies des différentes banques centrales se divisent également :
- La FED (USA) ralentit ses hausses de taux
- La BCE et la BOJ (Banque du Japon) durcissent leurs taux.
Un risque de défaut de la dette US, limité.
Il est important de noter que le risque de faillite des États-Unis en raison du plafond de la dette est principalement d’ordre politique. Le plafond de la dette doit être relevé par le Congrès américain pour éviter un défaut potentiel. Cependant, les débats politiques sur la question de la dette peuvent parfois entraîner des impasses et des retards dans le relèvement du plafond, ce qui peut accroître l’incertitude et le risque de défaut.
Il convient de souligner que les États-Unis ont toujours honoré leurs obligations de dette à ce jour, et il est largement admis que le pays a la capacité de rembourser sa dette. C’est d’ailleurs confirmé par les chiffres puisque lors des 23 dernières années, le plafond de la dette a été remonté à 20 reprises.
Combat politique plus qu’un enjeu économique ? C’est en tout cas, le moment où Démocrates et Républicains s’écharpent et en profitent pour échanger sur leurs divergences.
Les marchés connaissent parfaitement cette situation et on le voit d’ailleurs très bien, car la bourse est restée jusqu’ici relativement calme (Wall Street et le CAC40 restent proches de leurs sommets annuels). Les investisseurs et les professionnels du marché dans leur majorité excluent un scénario noir. De fait, à chaque fois que l’enjeu du relèvement du plafond de la dette revient sur le devant de la scène, une solution est trouvée à temps.
En conclusion, et au vu des informations du marché, il est fort probable qu’un compromis à court terme soit trouvé afin de laisser du temps pour une négociation approfondie et ainsi gagner quelques mois pour les Etats-Unis.
L’issue de ce compromis pourrait donner naissance à deux conclusions :
- Un compromis entre démocrates et républicains sur un relèvement du plafond de la dette
- Ou bien un non compromis et donc une dégradation de la note américaine qui resterait une très mauvaise nouvelle pour les marchés.
Il est encore difficile de se positionner quant à l’issue finale de la situation, mais il est peut-être temps d’en profiter pour ouvrir un peu plus ses investissements et de diversifier son portefeuille : actions asiatiques, or,…