Flambée des prix du nickel : quels impacts sur le secteur automobile ?
Les matières premières sont au centre des problématiques issues de la guerre qui a éclaté en Ukraine. Récemment, la flambée des prix du nickel, métal essentiel dans la fabrication de pièces industrielles et notamment dans les batteries des véhicules électriques, a entraîné la fermeture de la cotation du métal sur le marché londonien des métaux.
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a fait émerger la crainte d’une potentielle pénurie de ce métal en Europe, la Russie étant un producteur incontournable de métaux. Par ailleurs, les craintes se font également ressentir du côté des constructeurs automobiles, déjà dans la tourmente de la pénurie des semi-conducteurs. Va-t-on assister à une pénurie de ce métal industriel ? Quelles sont les raisons de ce rallye soudain du nickel ?
Les craintes d’une pénurie de nickel
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les prix du nickel ont bondi par crainte de sanctions. Les stocks mondiaux de nickel restent très bas et la possibilité que des sanctions interrompent l’approvisionnement russe incite les opérateurs à prendre livraison physiquement. La Russie représente environ 27 % des exportations mondiales de nickel brut et environ 17 % des exportations de nickel de qualité supérieure.
Les investisseurs accordent une attention particulière aux stocks de métal détenus dans les entrepôts d’échange, car ils sont considérés comme la preuve de la tension réelle du marché au sens large. Ces stocks, en particulier le métal sous mandat que les négociants peuvent se procurer, sont tombés à des niveaux historiquement bas. Pourtant, avec 36 654 tonnes de métal livrable dans les entrepôts du LME, nous sommes bien au-dessus de ce que nous étions en 2006, lorsque les 870 tonnes de stocks mondiaux auraient pu être empilées. Le risque de pénurie de nickel est donc faible pour le moment malgré la baisse des stocks.
Le secteur automobile pénalisé
Les constructeurs automobiles sont extrêmement dépendants du nickel car il est un composant essentiel à la fabrication de batteries pour les véhicules électriques. Cela signifie-t-il que le prix des batteries va augmenter ?
L’effort mondial des constructeurs automobiles pour développer leurs gammes de véhicules électriques devrait devenir en effet plus coûteux. Alors que les analystes affirment que les prix vont baisser par rapport aux niveaux exorbitants actuels, la mauvaise nouvelle est qu’ils pourraient rester élevés et que les coûts pourraient progresser de plusieurs centaines de dollars.
Ces dernières années, Elon Musk, PDG de Tesla, a souligné que le risque d’un déficit structurel pour le nickel était l’une de ses principales préoccupations. La flambée des prix signifie que les constructeurs automobiles devront redoubler d’efforts pour trouver des substituts ou des sources alternatives. Les constructeurs automobiles, en concluant des contrats d’approvisionnement à long terme, pourront éviter les hausses de prix sur le marché pendant un certain temps, mais si la hausse des prix persiste, ils devront payer davantage.
Fermeture du LME (London Metal Exchange)
Après le bond de plus de 250% des prix du nickel en seulement deux jours, le LME a été contraint de fermer les échanges de nickel. Pour cause, Xiang, qui contrôle le plus grand producteur mondial de ce métal, Tsingshan Holding Group Co, avait accumulé un énorme pari baissier. Son pari s’est effondré à la suite du rallye du nickel. Lorsque le prix a augmenté, les investisseurs baissiers comme Xiang ont essayé de racheter leurs paris, ce qui a déclenché un short-squeeze (liquidation forcée des positions à la vente).
Puis, les choses se sont compliquées : plus les investisseurs achetaient, plus ils poussaient les prix à la hausse. Le prix du nickel a bondi de 90 % lundi, la plus forte hausse jamais enregistrée en une journée. Malgré des signes évidents de stress, le LME a décidé de rouvrir aux premières heures mardi. Mais la crise des short-squeezes s’est aggravée dans la nuit à Londres et les prix ont grimpé beaucoup plus haut.
À un moment donné, ils ont atteint un record historique de 101 365 dollars la tonne métrique, contre 20 175 dollars la tonne en janvier. À 8h15 à Londres, le LME a finalement fermé le marché du nickel. À ce moment-là, les investisseurs en matières premières avaient été occupés à miser des milliards de dollars sur le nickel. Le LME a également décidé d’annuler toutes les transactions overnight. Des centaines de millions de dollars de profits et de pertes ont disparu parce qu’elle a supprimé ces transactions.
Pourquoi avoir fait cela ? Probablement par crainte que plusieurs de ses membres n’aient fait faillite si les transactions avaient été maintenues. Si c’est le cas, le LME les renfloue avec de l’argent qui appartient aux investisseurs ayant des positions à l’achat qui auraient fait des profits en overnight. La crise que rencontre le LME est si grande qu’il prévoit de maintenir le marché du nickel fermé jusqu’au 11 mars au moins.
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