Glencore profite du nouvel équilibre énergétique mondial
Après la crise du covid19 qui a mis en avant la nécessité de sécuriser la chaîne d’approvisionnement en diminuant la dépendance manufacturière à l’égard de la Chine, l’invasion russe de l’Ukraine est source de nouveaux défis à l’échelle mondiale.
La guerre en Ukraine a placé la transition énergétique au second plan pour mettre en avant la sécurité énergétique et la diversification des approvisionnements, en atteste l’une des premières décisions de la Première ministre britannique Liz Truss, qui prévoit de supprimer l’interdiction de 2019 sur la fracturation hydraulique afin d’augmenter l’approvisionnement énergétique domestique. Dans un tel contexte, le cours de l’action Glencore a gagné près de 7% en début de semaine, suite au refus de Gazprom d’approvisionner l’Europe via le gazoduc NordStream.
L’entreprise anglo-suisse de négoce, courtage et d’extraction de matières premières bénéficie pleinement de la hausse des prix et de la demande de charbon qui revient en grâce alors que la crise énergétique en Europe s’intensifie. Cette hausse est-elle pérenne ou présage-t-elle des baisses brutales à l’issue du conflit qui sévit en Europe de l’Est ?
Glencore pourrait s’imposer quelque soit le scénario :
Les prix élevés du charbon pourraient soutenir les cours des actions de Glencore et en faire une “valeur refuge” dans un environnement où les prix des matières premières énergétiques ne cessent de flamber.
Il semble que tant que la guerre en Ukraine se poursuivra et que les sanctions contre le charbon russe resteront en place, rien n’indique que le prix de la matière première stratégique qu’est devenu le charbon va baisser, bien que la météo (hiver rigoureux ou doux) puisse avoir un impact sur ses cotations. En effet, l’invasion russe a modifié l’équilibre énergétique mondial, ce qui devrait soutenir les ventes de Glencore.
L’entreprise opère dans l’extraction des ressources, les métaux précieux, les minéraux et le recyclage. En 2021, le secteur des minéraux et des métaux a généré la majeure partie des bénéfices. Cette année, cependant, la performance du segment des métaux pourrait être éclipsée par les bénéfices du secteur de l’énergie, notamment du charbon.
De nombreuses matières premières non énergétiques extraites par Glencore, notamment le nickel, le cuivre et le cobalt, sont essentielles à la transition énergétique, ce qui permet à la société d’ancrer sa position en dépit de baisse des prix du charbon.
Le charbon, moteur de la récente hausse des actions de Glencore :
Au cours de cette année, les actions de Glencore, incluant les dividendes, ont rapporté plus de 20 % aux investisseurs face à des baisses à deux chiffres des principaux indices boursiers.
La société a récemment fait état de résultats record pour le premier semestre de l’année. L’EBITDA était de 18,9 milliards de dollars, dont 4,5 milliards de dollars ont été reversés aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions. La division énergie de Glencore a gagné 12,6 milliards de dollars au premier semestre de l’année, dépassant les résultats de l’ensemble de l’année 2021. Avec la hausse des prix du charbon au cours des 10 derniers mois (près de 400 dollars la tonne métrique contre 150 dollars en novembre 2021), l’entreprise dispose d’un important levier pour continuer à surpasser les attentes des analystes et de bénéficier de ses réserves de matières premières.
Comme le soulignent les analystes de Morningstar, « les prix du charbon thermique continuent d’augmenter en raison de problèmes d’approvisionnement et alors que la guerre russo-ukrainienne renforce le besoin de sécurité énergétique (…) L’interdiction prochaine de l’UE sur les importations russes est un autre facteur de soutien des prix du charbon thermique. »
L’équilibre énergétique mondial en mutation :
Malgré la promesse des Etats-Unis de répondre à une partie de la demande européenne en gaz naturel, les exportations de GNL des États-Unis ne suffiront peut-être pas au Vieux-Continent, ce qui rend le charbon inévitable pour de nombreux pays. Les sources d’énergie instables telles que les panneaux solaires et l’énergie éolienne ne peuvent combler le vide causé par le retrait de la Russie de l’architecture européenne des matières premières.
Le système énergétique mondial nécessite une transition sur plusieurs années et coûteuse pour que nos économies s’éloignent progressivement des combustibles fossiles, offrant à Glencore la possibilité de profiter de la hausse des prix des matières premières énergétiques pendant de nombreuses années encore. Pour l’heure, les déboires géopolitiques ont mis sur pause la transition énergétique. Cela pourrait prendre de nombreuses années pour égaliser l’offre et la demande, et réconcilier l’Occident dans un contexte de politiques expansionnistes du Kremlin.
Une guerre d’usure :
Par ailleurs, si l’économie européenne se ternit pendant la période automne-hiver et que l’Ukraine, prise en étau, accepte la domination russe, les prix du charbon pourraient chuter de manière significative. Un tel scénario, à la lumière des actions de la Russie, semble peu probable à l’heure actuelle, la fracture entre l’Est et l’Ouest devenant de plus en plus apparente à mesure que la Russie resserre ses liens avec la Chine, qui reste sous le regard vigilant des États-Unis. Dans le même temps, l’Ukraine freine les Russes dans l’est du pays. Une contre-offensive des troupes ukrainiennes est toujours en cours et certaines villes ont déjà été libérées. Les succès de l’Ukraine pourraient légitimer le scénario d’une « guerre d’usure » qui s’inscrit dans la durée.
Point technique :
D’un point de vue long terme, en se référant au graphique en données hebdomadaires, le prix de l’action Glencore évolue en tendance haussière à fort momentum et a gagné près de 350% depuis le creux marqué lors des débuts de la crise du Covid. La perspective d’une récession mondiale projetant une baisse des prix des matières premières a légèrement pesé sur le cours de l’action. Cependant, la période automne-hiver pourrait soutenir les prix face à la crise énergétique en Europe et à la hausse des prix des matières premières énergétiques. La société a des ratios fondamentaux relativement sains : le ratio P/E est de 4,7 contre une moyenne de 14,7 pour l’indice FTSE, le ratio cours/valeur comptable est de 1,56.
En se référant à une unité de temps plus courte, en données journalières, il apparaît clairement que les récents rebondissements relatifs à Nord Stream ont permis aux cours de sortir par le haut du nuage Ichimoku. Cependant, ce signal Ichimoku n’a pas été validé par la chikou span qui n’est pas parvenue à sortir du nuage à son tour (ellipse jaune).
Si les haussiers gardent le contrôle et permettent la validation du signal d’achat, la hausse pourrait s’étendre vers les récents sommets : le point B de la vague haussière d’Hosoda à 5,1000 ainsi que le sommet du 7 juin à 5,4700. Selon la méthodologie d’Hosoda, si ces niveaux sont franchis les cours pourraient aller chercher les 5,8800 afin de finaliser la vague haussière en A,B,C,D.
Découvrez la plateforme d’investissement xStation. Avec le courtier XTB, achetez vos actions avec 0% de commissions.