La guerre en Ukraine renforce l’appétit des investisseurs pour les matières premières

Dans un contexte géopolitique mondial et surtout Européen de plus en plus fragile et inquiétant, les tensions sur les marchés financiers ne cessent de s’accroitre. Pendant que le marché action peine à reprendre son souffle, c’est du côté des matières premières que les performances explosent.

L’impact géopolitique actuel sur les marchés financiers 

Comme le démontre le graphique de force relative de l’indice MSCI également appelé MXWO face au BCOM qui est un indice des prix des matières premières largement diversifié.
Pour rappel, l’indice MSCI est a été conçu pour mesurer la performance du marché des actions des marchés développés.

graph-MXWOSource : Terminal Bloomberg 03.03.2022

En prenant comme base les 100 pour évaluer l’indice BCOM face au MSCI, on peut y voir, depuis le début de l’année 2022 une nette surperformance de la part du secteur des matières premières à hauteur de quasiment 39% face au marché action. Une telle performance s’explique par le climat d’incertitude qui règne depuis fin 2021 et qui depuis quelques semaines est renforcé par les multiples actions militaires de la Russie envers l’Ukraine mais également des sanctions économiques et politiques infligées par les autres états membre de l’Union Européenne envers la Russie en réponse à ces attaques.

Les prix des produits de base liés à la Russie et/ou à l’Ukraine se sont emballés en ce début de semaine, créant des perturbations pour les investisseurs. Les matières premières pourraient devenir un vent contraire plus important pour les investisseurs si les prix restent élevés et si la volatilité persiste.
La volatilité semble s’être accrue en ce milieu de semaine, les gouvernements occidentaux cherchant à isoler la Russie du système financier mondial. Cette mesure est douloureuse pour le gouvernement russe et les producteurs de matières premières basés en Russie. L’isolement a également pour effet de retirer les matières premières produites par la Russie des marchés mondiaux, créant ainsi un choc de l’offre.
Les marchés de matières premières sur lesquels la Russie a le plus d’impact sont le pétrole, le gaz naturel, l’aluminium, le titane et le blé.

 Ce sont donc les actions de ces secteurs qui ont tendance à performer pendant que le marché global action recule.

L’Aluminium

En 2021, la production mondiale d’aluminium a été de 68 millions de tonnes. Tandis que la Russie à elle seule en a produit 3.7 millions de tonnes, ce qui correspond à 5% de la production totale sur la planète.
Les prix de l’aluminium sont en hausse de plus de 20% depuis le début de l’année, stimulant les actions du secteur, comme Alcoa (6ième producteur mondial d’aluminium) en hausse de 34% depuis le début de l’année.

Blé

Pour ce qui est du blé, la Russie tout comme l’Ukraine, se positionnent comme d’importants producteurs. C’est 80 millions de tonnes de blé par an que la Russie sort de ses terres, tandis que l’Ukraine en produit environ 33 millions de tonnes.

Certaines données donnent une production mondiale de 775 millions de tonnes par année. La Russie produit donc plus de 10% de la production mondiale et l’Ukraine n’est pas très loin avec une production correspondante à 5% des stocks mondiaux. 

Le contexte actuel a fait augmenter les prix de référence de plus de 30% depuis début 2022, des prix avoisinants les sommets de 2008. 
L’action ADM (Archer-Daniels-Midland Company) affiche 21% de hausse depuis le début de l’année.

C’est tout le marché alimentaire mondial qui est impacté avec une telle envolée des prix, et cette vague haussière est alimentée par une inflation toujours aussi présente.

Gaz naturel

Pour une production mondiale de 3 854 milliards de mètres cubes en 2021, la Russie à elle seule en produit 639 milliards. Des chiffres faisant de la Russie un des plus gros acteurs mondiaux en termes de production de gaz naturel. 
On souligne déjà une augmentation du prix du gaz de 40% depuis le début de l’année, et même si le président Russe, Vladimir Poutine, a déclaré qu’il ne couperait pas l’alimentation du gaz Russe vers l’Europe, rien ne nous confirme que la hausse des prix est terminée ou que le président Russe ne compte pas utiliser cet argument pour faire pression sur l’Europe et les Etats-Unis.

Sachant que l’Europe est dépendante de la Russie, vu que l’UE importe plus de 40% du gaz qu’elle consomme.

 Si on prend l’exemple de la France, l’Etat aurait prévu un budget entre 2 et 3 milliard pour pouvoir amortir cette hausse.

Titane

La Russie est également sur le devant de la scène mondiale en matière de titane, se positionnant en troisième position juste derrière la Chine et le Japon.
 Sur l’année 2021, la production mondiale de titane s’est élevée à 210 000 tonnes dont 27 000 tonnes ont été produites par la Russie, soit un peu plus de 10% de la production mondiale. 

A contrario des producteurs et exportateurs de titane côtés en bourse, ce sont les autres acteurs du secteur de l’aérospatial qui en payent le prix fort. Avec des coûts à la tonne qui explosent, des groupes tel que Airbus (AIR.France) et Boeing (BA) voient leurs capitalisations boursières reculer affichant -13% depuis le début de la semaine pour Airbus et -10% du côté de Boeing.

L’exemple de la société Ruse VSMPO, qui fait partie des quatre principaux fournisseurs de titane dans le monde pour le secteur de l’aérospatial, fournit environ 40% du titane utilisé par Boeing et quasiment 50% du titane utilisé par Airbus. 
Une pénurie en termes d’approvisionnement du côté de VSMPO serait considérée comme un problème majeur du côté d’Airbus et Boeing.

Or​

Considéré comme valeur refuge en temps de crise, l’or fait partie d’une des matières premières affichant une des plus fortes performances. Affichant 13% de hausse, le métal précieux continue de grimper séance après séance, se rapprochant doucement de ses plus hauts niveaux historiques.

Point technique

OR - Graphique hebdomadaire

Comme annoncé plus haut, l’or reste un actif très prisé en temps de hautes tensiosn géopolitiques et financières. Il reste une valeur refuge alors que le secteur des actions, lui ne cesse de réguler.

 Techniquement parlant, l’or se dirige tout droit vers sa prochaine résistance des 1975$. Niveau sur lequel les acheteurs ont été agressivement rejetés la semaine passée.
 Par extension du prix, les 2075$ seront l’objectif à terme.

 Un pullback sur le niveau de support des 1900$, serait un niveau intéressant pour permettre aux investisseurs de renforcer leurs positions.

Natgaz weekly chartGaz naturel – Graphique hebdomadaire

Depuis fin 2021, le prix du gaz naturel est sous tension, évoluant dans une tendance nettement baissière en affichant de multiple gap à la baisse.
 Le contexte régnant depuis le début de l’année, a permis au prix du gaz naturel de rebondir de manière significative.

 Les investisseurs font face à une résistance clairement identifiée autour des 5$.
Le prix se situe entre les bornes 38.2% et 50% de Fibonacci.

Une cassure nette des 5$, pourrait rapidement amener le prix dans la prochaine zone de résistance des 5.40$, ce qui correspond également au niveau des 61.8% de Fibonacci.
 La semaine prochaine sera donc décisive pour les investisseurs, car un échec sur les 5$ pousserait à revoir leurs objectifs à court terme autour des 4.40$. Zone de prix qui semblerait être intéressante pour les acheteurs.

DAX - weekly chartDAX – Graphique hebdomadaire

En graphique hebdomadaire, la tendance est nettement baissière. Depuis la cassure du support 15 000 points, l’indice allemand, représentant la santé de l’Europe, ne cesse de décrocher.

 Les tensions actuelles en Europe de l’Est favorise le décrochage du secteur action mondial. 
Du côté technique, les investisseurs devront mobiliser leurs attentions autour des prochains niveaux de support hebdomadaire.

 Le prix de l’indice allemand, évolue actuellement sur un de ces gros support hebdomadaire. Les 13 200 points faisant office de 1er renfort pour les acheteurs.

Ce niveau correspond à d’anciens niveaux de résistances hebdomadaires et converge avec le niveau des 38.2% des retracements de Fibonacci depuis les plus bas du crash COVID. 

En cas de cassure des 13 200 points, et si les tensions géopolitiques continuent à s’aggraver, il faudra s’attendre à une correction nettement plus forte.

 Avec des objectifs pour les vendeurs à découvert autour des 12 600 points et par extension les 12 140 points qui correspondent également au niveau des 50% de Fibonacci.

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