Jim Rogers : le trader globe trotteur

Jim Rogers est un investisseur américain qui a connu un succès fulgurant à la fin du siècle dernier. À la tête notamment de Quantum Fund, cofondé par Georges Soros, il a brillé dans les salles de marchés tout autant que sur les plateaux télé. Ce trader malin et visionnaire n’a cessé de voyager pour enrichir sa compréhension de l’économie mondiale.

James Beeland Rogers Jr de son nom complet est né le 19 octobre 1942 à Wetumpka en Alabama. Alors qu’il grandit dans la ville de Demopolis, il montre rapidement certaines prédispositions pour les affaires. Sa carrière d’entrepreneur a effectivement symboliquement commencé à 5 ans. Il vendait des cacahuètes ou ramassait des bouteilles vides laissées lors de matchs de baseball.

Il connaît le succès dans ses études, puisqu’il sort diplômé de l’université Yale en 1964. Deux ans plus tard, il obtient une maîtrise au Balliol College de l’université d’Oxford. Entre-temps, il avait décroché un premier emploi à Wall Street, chez Dominick & Dominick. Mais avant de se lancer pleinement dans les affaires, l’homme a fait ses classes au sein de l’armée américaine.

Retraité avant 40 ans

L’ascension fulgurante de Jim Rogers débute en 1970. Alors qu’il collabore avec Arnhold & S. Bleichroeder (une banque privée allemande), il rencontre le célébrissime George Soros. Cette même année, ils fondent tous deux Quantum Fund, un fonds d’investissement international. Le reste est une vraie success story. Pendant dix ans, ce que l’on considère comme l’un des premiers grands fonds internationaux a affiché une performance de 4 200 %. Cette réussite démesurée qui a eu lieu dans une carrière pourtant naissante, a permis à Rogers de prendre sa retraite à seulement 37 ans. Evidemment, il ne s’est pas totalement retiré du monde de la finance puisqu’il gère encore son propre portefeuille d’actions.

Sans oublier qu’il est aussi le créateur (en 1998) d’un indice, le Rogers International Commodity Index (ou RICI). Comme son nom l’indique, il s’agit d’un index composite des matières premières, calculé à partir des données de onze places financières internationales. Il fait encore référence aujourd’hui.

L’habileté de Jim Rogers est notamment qu’il arrive à repérer les tendances à long terme bien avant les autres investisseurs. Il lance régulièrement qu’il ne peut « pas chronométrer les marchés ». Cette capacité d’analyse des conjonctures économiques lui a permis d’être particulièrement perspicace, et donc efficace. Il a par exemple anticipé dès les années ’80 le boom des matières premières de la fin des années ‘90. Son plus gros fait d’arme reste cependant son anticipation de la crise financière de 2008. Il a en effet su vendre à découvert l’action Fannie Mae qui a chuté de plus de 60 dollars à quelques centimes.

Un trader pas comme les autres

Les prouesses de Jim Rogers l’ont très vite rendu célèbre. Celui qui est aussi président de Rogers Holdings et de Beeland Interests est notamment venu prodiguer ses conseils sur les plateaux TV. En 1989 et en 1990, il intervient régulièrement dans l’émission télévisée The Dreyfus Roundtable diffusée par WCBS et anime même sa propre émission au Financial News Network : The Profit Motive with Jim Rogers. Mais l’aspect le plus étonnant de la personnalité du milliardaire est son côté globe trotteur. En effet, en 1980, Rogers décide de cesser sa participation aux activités de Quantum Fund. Il part alors voyager à travers la Chine à moto. Dix ans plus tard, et pendant deux ans, il recommence mais cette fois dans le monde entier. C’est simple, en tout il a parcouru environ 160 000 km sur six continents, un record qui a été répertorié dans le célèbre Guinness Book.

De ses aventures il a tiré un livre, Investment Biker. Le natif de l’Alabama est d’ailleurs tombé amoureux de la Chine, que ce soit dans la vie de tous les jours ou pour sa force financière. « Apprenez le chinois à vos enfants et vos petits enfants. Ce sera la langue la plus importante dans leurs vies » a-t-il un jour affirmé. Dès le début des années 2010, le gestionnaire confiait dans une interview que, dans les années à venir, la Chine ne cesserait de gagner des galons « dans sa course au leadership économique mondial ». « À mon avis, le pays a de fortes chances de devenir la prochaine superpuissance. »

Le filon de l’agriculture

Jim Rogers, qui est notamment devenu professeur en finance à la Graduate School of Business de l’université de Columbia, a depuis eu le temps de réfléchir aux grands enjeux financiers et économiques des décennies à venir. Dans une récente interview, l’Américain a déclaré que l’alimentation et l’agriculture sont appelées à devenir les plus grandes opportunités qu’il n’ait jamais vu.

Il détaille ainsi sa pensée : « Nous allons avoir de graves pénuries alimentaires, non seulement en Amérique mais dans le monde. Quand je parle aux universités et aux étudiants, je leur dis ce qu’ils devraient étudier : l’agriculture. Les agriculteurs vont bientôt conduire en Lamborghini. Il y a quelques parties de l’économie mondiale qui vont prospérer au cours des prochaines années. L’agriculture est l’une d’entre elles. »

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