La renaissance des NFT
Après une arrivée sur le marché en fanfare, les jetons non-fongibles ou NFT (Non Fungible Token en anglais), ont subi le bear market de plein fouet en 2022. Mais, depuis le début de l’année 2023, l’univers cryptos semble se redresser. Bitcoin et Ether ayant récupéré près de 40% de leurs récents creux.
Qu’en est-il alors des collections d’œuvres numériques NFT ?
L’après bull-run
Après avoir atteint un volume commercial record de plus de 2 milliards de dollars en 2021, la frénésie des NFT s’est maintenant clairement apaisée. Le volume de transactions depuis le début de l’année atteignant les 100 millions de dollars. Les particuliers semblent pour l’instant plus méfiants vis-à-vis de ces actifs illiquides.
Cependant, de plus en plus de marques entrent dans l’industrie. Convaincues que le NFT est le début d’une révolution technologique. Les géants de la restauration rapide comme McDonald’s, Starbucks ou Domino’s ont tous publié des collections de NFT. Mais ils ne sont pas les seuls à annoncer des prises de positions sur ce marché, loin de là.
Des marques de luxe comme Dior, Tiffany, Dolce & Gabbana, et des équipementiers sportifs comme Adidas ou Nike sont également présents dans les NFT. Notamment à travers des collaborations avec des collections phares comme RTFKT de Nike ou Bored Ape d’Adidas. Le monde de l’automobile haut de gamme, comme Porsche, ou même certaines personnalités publiques, à l’image de Donald Trump, tentent eux aussi de prendre une part du gâteau.
En France, les NFT suscitent également l’intérêt d’entreprises ayant déjà pris part sur le marché. Par exemple, Monoprix a lancé cet été une collection éphémère appelée Rude Kidz. Le groupe de presse 20 Minutes a également publié sa propre collection appelée 20mint.
On dénombre aujourd’hui de nombreux exemples de marques, artistes et entrepreneurs qui démontrent un intérêt fort vis-à-vis des NFT. Notamment pour les aider à fidéliser leurs clients et/ou à développer leurs communautés. Et sans pour autant rester une simple passerelle vers le monde du métaverse.
Ces marques cherchent donc à toucher une cible large, au-delà des spéculateurs ou des passionnés. Et c’est par la création de services associés aux NFT que les marques s’assureront de l’usage de ces derniers. Si l’on prend un exemple concret, que nous avions par ailleurs évoqué lors de ses débuts dans l’un de nos coachings de groupe sur notre communauté, la marque Asics s’est associée avec l’application StepN. Cette dernière récompense l’activité physique en faisant gagner de la cryptomonnaie à des utilisateurs lorsqu’ils marchent ou courent après avoir acheté leurs baskets virtuelles sous forme de NFT. Le service GPS de l’application mesure et valorise les déplacements réels des consommateurs chaussés virtuellement d’un des 1000 « baskets NFT ». Pour aller plus loin, Asics pense à créer des offres spécifiques pour ses clients lorsqu’ils passeront à la caisse de ses magasins propriétaires.
Phénomène de mode à nouveau ?
En regardant plus en détail, nous observons une baisse significative :
- Des « prix de réserve » – « floor price » (le prix le plus bas pour les collections de NFT)
- Du volume de transactions
- Du nombre de détenteurs pour la plupart des collections
Par exemple, pour reprendre le cas de Monoprix, sa collection Rude Kidz NFT se négocie aux alentours de 0,02 ETH. Soit autour de 30€ au prix actuel de l’Ethereum (ETH). Alors que le NFT de Coca-Cola a actuellement un prix minimum de 0,0064 ETH et ne connait que quelques transactions par mois.
En dépit de cette baisse, il y a des acteurs du marché qui continuent de croire en la technologie sous-jacente des NFT et cherchent à innover. C’est ce qu’a fait Ordinals. Ordinals a commencé à faire du bruit début janvier 2023, en introduisant sa collection de NFT Ordinals Punk, sur la blockchain Bitcoin. Une première pour cette blockchain et dans ses cas d’usage, traditionnellement réservés aux transactions financières !
Concrètement, comment cela fonctionne :
- Le protocole propose de transformer des satoshis (fractions de BTC) en NFT potentiels.
- Les satoshis pourront ensuite être identifiés en utilisant le logiciel mis au point par Ordinals.
Face à ce constat, la question de savoir si les NFT ne sont qu’un simple phénomène de mode ou s’ils sont en train de se réinventer grâce à de nouvelles technologies se pose inévitablement. L’engouement pour les NFT Ordinals a engendré une hausse significative de l’activité sur Bitcoin. C’est d’ailleurs ce que démontre Glassnode, dans son dernier rapport sur cette cryptomonnaie. Montrant ainsi une hausse des adresses BITCOIN avec un solde positif. Hausse soutenue en janvier 2023, avec le lancement de la collection Ordinals.
Comment repérer le flop d’une top collection de NFT ?
Toutes les collections n’ont pas le même succès. Alors que certains projets, comme ceux de Porsche ou de Donald Trump, ont été largement critiqués par le public et les experts (tous deux manquant de recherche en matière de design et étant trop chers), d’autres marques telles que Nike ou Adidas semblent avoir réussi à s’intégrer dans ce monde.
Malgré la baisse de prix et la quantité de transactions, si de nouveaux produits sortent, certaines collections NFT de grandes marques pourraient donc connaître une nouvelle recrudescence dans le futur.
Plusieurs éléments expliquent pourquoi les objets de collection NFT ont ou non une valeur. Pour vous, voici quelques éléments à prendre en compte si vous souhaitez vous lancer sur ce marché et diversifier votre portefeuille.
Le premier point à conserver en tête est que ce marché est encore majoritairement purement spéculatif. Alors, une fois de plus, n’investissez que ce que vous êtes potentiellement prêt à perdre. De manière plus globale, cela s’applique à tous les crypto-actifs. Mais encore plus aux NFT, car la plupart des œuvres numériques sont illiquides. Cela signifie simplement que vous pouvez acheter un NFT aujourd’hui, et ne jamais pouvoir le revendre demain ? Et cela, même à son “floor-price”.
Malgré cela, si ce secteur vous intéresse et que vous souhaitez vous y lancer, sachez que chaque projet a sa propre communauté. Et que le prix dépend généralement du sous-jacent sur lequel se base le NFT. Par exemple, si le NFT est sur la blockchain Polygon, vous serez exposé à la volatilité de MATIC (jeton de Polygon). Si le projet est sur la blockchain Solana, alors en plus de dépendre de l’engouement autour de cette collection de NFT, vous serez également dépendant de SOL (jeton de Solana).
En fin de compte, on peut se dire que cela est encore plus vrai pour les NFT. Mais les goûts et les couleurs sont la raison de chacun. Alors pour les projets de grandes marques, il est important de se focaliser sur l’utilité que peut avoir le NFT lancé. En plus de sa facilité de transaction, et qui sont et qui peuvent être ses détenteurs, investisseurs.
Une des collections les plus médiatisées est celle du singe habillé de différentes manières, de la collection Bored Ape. Cette collection d’œuvres numériques a connu un énorme succès grâce à plusieurs ambassadeurs de premier plan. Tels que Neymar, Stephen Curry, Mark Cuban et Serena Williams.
Les grandes marques peuvent donc pénétrer le marché avec succès en s’entourant d’un réseau d’ambassadeurs de premier choix. Mais aussi, et surtout, en s’entourant d’équipes spécialisées dans la technologie (pour assurer une valeur derrière le projet) et le marketing. En effet, donner aux investisseurs, l’envie de détenir ce NFT a bien été compris et pris en compte par certaines marques. Qui organisent ainsi des événements privés pour leurs collectionneurs.
Conclusion
Phénomène de mode ou réel rebond du marché des NFT ? Il est encore trop tôt pour le dire. Nous notons toutefois que le volume d’échanges à du mal à repartir depuis l’engouement de 2021. Rendant même certaines collections totalement illiquides.
Une révolution technologique pour redynamiser le secteur ?
De gros groupes industriels et de nombreuses marques lancent aujourd’hui des opérations sur ce secteur. Axant notamment sur la carte de la fidélisation client. Cela suffira-t-il à remettre les NFT sur le devant de la scène ?
L’avenir nous le dira.
En tout cas, la révolution est en marche, ce n’est pas le succès du NFT Paris des 24 et 25 février derniers qui nous dira le contraire.