Le secteur des semi-conducteurs dans la tourmente
Les stocks de semi-conducteurs ont atteint un niveau record alors qu’un ralentissement économique mondial est actuellement observé, forçant ainsi les banques centrales à agir. Mais ce n’est pas le seul élément qui secoue le secteur des semi-conducteurs.
L’environnement géopolitique est de plus en plus tendu et les frictions continues dans la chaîne d’approvisionnement divisent grand nombre de fabricants de semi-conducteurs, ce qui pourrait avoir un impact sur leur santé économique à l’avenir. Dans un tel contexte, peut-on affirmer que la pénurie des semi-conducteurs est toujours d’actualité ? A quels obstacles doivent faire face les sociétés de semi-conducteurs ?
Pénurie des semi-conducteurs
2021 a marqué le point culminant de la pénurie mondiale des semi-conducteurs, avec la crise du Covid-19 qui a fait croître la demande pour ces matériaux de manière exponentielle. La généralisation du télétravail a en effet entraîné une demande accrue d’articles de bureautique et pour y répondre, les fabricants de semi-conducteurs ont priorisé la production à destination de ces objets au détriment de la production automobile dont la demande a décliné pendant la crise sanitaire.
Dans le même temps, la popularité des services de streaming vidéo tels que Netflix ou encore Disney+ a augmenté considérablement, les contraignant d’étendre la capacité de leur serveur et les rendant ainsi dépendants au marché des semi-conducteurs déjà tendu. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Une série de nouvelles politiques, dont un ensemble de dépenses de 52 milliards de dollars du Congrès américain, visent à rendre plus facile et moins coûteuse l’expansion de la capacité de production en Amérique et en Europe. Avec les stocks des puces et cartes mémoires atteignant des niveaux records, la question de pénurie n’est plus à craindre. Le problème à venir ne semble plus aujourd’hui lié à l’offre mais à la demande, menacée par les craintes de récession.
Baisse des exportations en provenance d’Asie
L’inquiétude croissante concernant la demande de semi-conducteurs fait trembler les exportateurs d’Asie du Nord, qui servent historiquement de baromètre pour l’économie internationale. Les mastodontes sud-coréens Samsung Electronics et SK Hynix ont annoncé leur intention de réduire les dépenses d’investissement, tandis que de l’autre côté de la mer de Chine orientale, le plus grand fabricant de puces sous contrat au monde, Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. (TSMC), a indiqué une attente similaire.
Au cours des dernières semaines, les principaux fabricants de puces Micron Technology, Nvidia, Intel et Advanced Micro Devices ont mis en garde contre une baisse des commandes à l’exportation. Les signes se multiplient indiquant que le commerce commence déjà à se détériorer. Les exportations de technologies coréennes ont chuté en juillet pour la première fois en plus de deux ans, les puces mémoire étant en tête du peloton.
Les stocks de semi-conducteurs se sont accumulés en juin au rythme le plus rapide en plus de six ans alors que la demande pour ces produits chute.
Situation géopolitique tendue
La guerre froide technologique entre les États-Unis et la Chine, qui a pris de l’ampleur sous l’administration Trump et a été exacerbée par la pandémie, a récemment pris un nouveau tournant. Les exercices militaires de la Chine après la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, à Taïwan, ont déclenché l’alarme dans la région, bien que ses représailles commerciales n’aient pas été vues comme inquiétantes, principalement parce que Pékin ne veut pas se faire de mal.
Selon les économistes, la valeur du commerce visé par les sanctions de la Chine contribue pour une infime partie de moins de 1 % au produit intérieur brut de Taïwan, ce qui atténue les annonces de la Chine. Pékin pourrait toutefois intensifier ses actions en ciblant davantage les produits alimentaires, le bois ou les minéraux.
Mais les actions sur tous les articles coûteux qui causeraient de réels dommages à Taipei, tels que les semi-conducteurs, sont presque impensables, étant donné la dépendance de la Chine à l’île pour la technologie de pointe. Il serait en effet très difficile pour la Chine de trouver un approvisionnement alternatif si elle interdisait les semi-conducteurs fabriqués à Taïwan. La Chine et Hong Kong représentent environ 40 % des exportations totales de Taïwan, bien que Taipei ait fait des efforts pour réduire sa dépendance économique vis-à-vis de la Chine ces dernières années.
Point technique
Les cours de Samsung Electronics (SMSN.UK) ont perdu près de 30% depuis le début d’année. Après avoir suivi une tendance baissière depuis les sommets de janvier 2021, les cours évoluent au sein d’un range avec pour borne supérieure 1191,02 et pour borne inférieure 1056,16. Les perspectives restent toutefois baissières à la fois d’un point de vue fondamental avec une demande faible pour les semi-conducteurs qui pourraient affecter les résultats de la société, et d’un point de vue technique, avec le RSI qui évolue en dessous de la zone de neutralité de 50, ce qui signifie que les vendeurs ont toujours l’avantage. Dans un tel scénario, la borne inférieure du range susmentionné serait à envisager.
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