Point boursier : Les banques centrales au centre des attentions cette semaine
La Bourse de Paris a rebondi de 1,54 % la semaine dernière après une chute de 3,65 % la semaine précédente, mais le CAC 40 reste en dessous des 7500 points, ce qui montre que la confiance des investisseurs n’est pas totalement rétablie. Les marchés ont aussi été influencés par les recommandations des analystes et les avertissements sur les résultats de certaines entreprises, comme Worldline et BMW.
Cette semaine, la politique monétaire occupera une place centrale dans les préoccupations, notamment avec la prochaine réunion du comité de la Réserve fédérale américaine (17-18 septembre). Les spéculations augmentent sur la possibilité d’une réduction des taux d’intérêt de 50 points de base, bien que la réduction de 25 points de base semble également plausible. Dans la zone euro, la Banque centrale européenne a abaissé jeudi son taux de dépôt de 25 points de base, une décision attendue. Examinons ces éléments plus en détail.
Lundi : Kering et Ubisoft : Les perdants du lundi
Le groupe de luxe Kering a subi une pression notable sur ses actions suite à une double dégradation par des analystes influents. Barclays a abaissé sa recommandation à ‘sous-pondérer’, tandis que RBC a ajusté son opinion à performance en ligne avec le secteur. Ces ajustements signalent une perception négative de la croissance future du groupe dans un contexte où les marques de luxe doivent faire face à des défis tels que le ralentissement de la demande en Chine et les incertitudes économiques globales.
Du côté de l’action Ubisoft, l’éditeur de jeux vidéo a été pénalisé par une note de Cantor Fitzgerald, qui a abaissé sa recommandation à ‘neutre’. La déception autour de son dernier jeu, Star Wars Outlaws, a suscité un mécontentement chez les joueurs, influençant négativement les perspectives de croissance de la société. Dans un marché où l’innovation et les franchises sont essentielles, Ubisoft fait face à un défi pour redorer son image après cet échec. La concurrence dans l’industrie vidéoludique est féroce, et les attentes des consommateurs évoluent rapidement, rendant chaque lancement crucial pour la réputation et la rentabilité de l’entreprise.
Mardi : Le coup de froid de BMW et le rebond de Capgemini
Le mardi, bien que le marché parisien ait commencé la journée sur une note positive, une alerte sur les résultats du constructeur automobile allemand BMW a rapidement refroidi l’enthousiasme des investisseurs. L’impact de cette annonce s’est fait sentir au-delà des frontières allemandes, car BMW est un acteur clé du secteur automobile européen. Le ralentissement des prévisions de bénéfices du constructeur a ravivé les craintes liées à la conjoncture économique globale, en particulier sur la santé de l’industrie automobile.
La journée a aussi été marquée par une note positive pour Capgemini, leader français des services numériques. Le groupe a bénéficié d’une recommandation favorable de BofA Research, qui a relevé son conseil à l’achat. Cette décision a été soutenue par l’essor de Oracle, géant américain des technologies, dont les résultats trimestriels ont dépassé les attentes du marché avec une hausse impressionnante de 11,4 %. Cette corrélation positive entre les deux entreprises illustre l’importance croissante du secteur des services numériques et du cloud dans l’économie mondiale, avec une demande accrue pour des solutions technologiques robustes dans un monde de plus en plus digitalisé.
Mercredi : Inflation américaine en baisse et tensions sur les marchés
Mercredi, la Bourse de Paris a terminé la séance sur un repli limité de 0,14%, ‡ 7396 points, après une première partie en hausse suivie d’un repli de 0,6% en milieu d’après-midi. Les actions d’Edenred, L’Oréal et URW ont particulièrement souffert, mais certaines actions ont tiré leur épingle du jeu. C’est le cas de Legrand, dont le titre a grimpé de 0,9 % après que JPMorgan ait relevé sa recommandation à ‘surperformance’. L’équipementier électrique a franchi la barre des 100 euros en séance, soutenu par de bonnes perspectives de croissance dans les secteurs des infrastructures et des énergies renouvelables, où la demande en produits Legrand est en forte augmentation.
Aux États-Unis, le repli a été plus marqué, avec le Nasdaq en baisse de 0,8%, le S&P500 de 1,3% et le Dow Jones de 1,5%.
La séance a été marquée par la publication de l’indice des prix à la consommation (CPI) aux États-Unis, qui a augmenté de 0,2% en août, conformément aux attentes. Sur un an, la progression est de 2,5%, légèrement en dessous des prévisions de 2,6%.
Jeudi : BCE, Safran, et TotalEnergies : Les moteurs de la fin de semaine
Le jeudi, la décision de la Banque Centrale Européenne (BCE) d’abaisser son taux de dépôt de 3,75 % à 3,5 % n’a pas surpris les marchés, et les investisseurs n’ont réagi que modérément. La BCE a souligné que la suite de sa politique dépendrait des données économiques à venir, renforçant l’idée d’une approche prudente. Cependant, le CAC 40 a bénéficié du bon comportement de valeurs comme TotalEnergies et Safran, qui ont contribué à la légère hausse de l’indice.
Dans le même temps, Edenred a connu une évolution intéressante. Son principal concurrent, Swile, a atteint pour la premiÈre fois la rentabilité. Swile, licorne française spécialisée dans les avantages aux salariés, est devenu un acteur incontournable du marché des titres-restaurants. Cette concurrence pourrait inciter Edenred à innover davantage pour maintenir sa position dominante dans ce secteur en pleine mutation.
Vendredi : Wall Street, l’or, et la chute de Worldline
Enfin, la semaine s’est achevée sur une note optimiste, portée par l’espoir d’une réduction des taux d’intérêt de 50 points de base aux Etats-Unis. Cette perspective a alimenté la hausse de Wall Street, entraînant dans son sillage le CAC 40. Parallèlement, l’or a atteint un nouveau record, tandis que le dollar américain a chuté à son plus bas niveau de l’année face au yen, marquant ainsi un mouvement majeur sur les marchés des devises et des matières premières.
Cependant, tout n’était pas rose. Worldline, entreprise hors CAC 40, a connu une semaine catastrophique, avec une chute de 14,4 % suite à un nouvel avertissement sur résultats. Cette annonce a précipité le départ de son directeur général, Gilles Grapinet, et la valeur boursière de la société est tombée à un plus bas historique.
Les prochains jours promettent d’être tout aussi mouvementés, avec les banques centrales au centre de l’attention. La Réserve fédérale, la Banque d’Angleterre et la Banque du Japon réévalueront chacune leur position en matière de politique monétaire.
À surveiller cette semaine : les décisions clés des banques centrales sous le regard des marchés
L’annonce de la Réserve fédérale américaine (Fed), prévue ce mercredi, sera au coeur des discussions. Les analystes anticipent unanimement une baisse des taux d’intérêt. Suite aux derniers chiffres du chômage, les spéculations sur une réduction de 50 points de base se sont intensifiées, laissant présager une approche plus agressive du FOMC. Les investisseurs suivront de près les signaux concernant la réunion d’octobre.
La Banque d’Angleterre (BoE) se réunira jeudi et la plupart des économistes s’attendent à un maintien de la politique monétaire actuelle. Cependant, les chiffres de l’inflation qui seront publiés la veille pourraient changer la donne à la dernière minute. Les marchés prévoient que l’inflation continuera de ralentir progressivement. Le décompte des voix et les déclarations des membres de la BoE seront particulièrement scrutés pour évaluer si une baisse des taux en octobre, déjà anticipée dans les cours, aura effectivement lieu.
Enfin, vendredi, la Banque du Japon (BoJ) tiendra sa réunion, avec des attentes généralement orientées vers un statu quo en matière de taux d’intérêt.
Toutefois, la BoJ a déjà surpris les investisseurs par le passé, et les marchés prêteront une attention particulière aux commentaires sur un éventuel calendrier de resserrement monétaire. Une nouvelle hausse des taux est encore envisagée d’ici la fin de l’année.