L’intelligence artificielle, la nouvelle bulle spéculative ?

Cependant, de plus en plus d’interrogations tournent autour du sujet. L’IA nouvelle bulle spéculative à venir ? La frénésie de marché est-elle corrélée à des fondamentaux, ou bien est-elle la nouvelle « mother of all melt ups » (la « mère de toutes les bulles » en français) ?

Qu’est-ce que l’intelligence artificielle générative ?

L’IA, ou intelligence artificielle, est un domaine de l’informatique qui se concentre sur la création de systèmes et de machines capables de simuler l’intelligence humaine. L’objectif de l’IA est de développer des algorithmes et des modèles qui permettent aux machines d’apprendre, de raisonner, de reconnaître des formes, de résoudre des problèmes et d’interagir avec leur environnement de manière autonome.

Il existe différents types d’IA. Notamment l’IA faible, qui se concentre sur des tâches spécifiques et limitées. Et l’IA forte, qui vise à reproduire qui vise à reproduire l’intelligence générale humaine. Les techniques utilisées en IA comprennent l’apprentissage automatique (machine learning). Où les machines apprennent à partir de données et améliorent leurs performances au fil du temps. Et les réseaux neuronaux artificiels, qui imitent le fonctionnement des neurones du cerveau humain.

Au sein de l’IA forte, on retrouve la GenAI (IA générative). L’intelligence artificielle générative est un système capable de générer du texte, des images ou d’autres médias en réponse à des « prompts ». Les modèles génératifs apprennent les modèles et la structure des données d’entrée, puis vont générer un nouveau contenu – similaire aux données d’apprentissage – avec un degré de nouveauté.

Pour aller plus loin dans la technicité de la GenAI, il faut savoir qu’elle peut être unimodale ou multimodale. Quelle est la différence ? Les systèmes unimodaux n’acceptent qu’un seul type d’entrée, comme du texte par exemple. Ce qui est le cas de ChatGPT ou de Bard – le robot conversationnel de Google – ou bien Dall-e pour la partie création visuelle. Alors que les systèmes multimodaux peuvent accepter plusieurs types d’entrées comme du texte et des images par exemple. C’est le cas de GPT-4, lancé en 2023 par OpenAI. Qui est à ce jour le système le plus développé à date.

Comment l’intelligence artificielle impacte les marchés financiers ?

Dans le langage des affaires et des marchés, le terme « melt-up », en anglais, désigne une situation où les investisseurs se dirigent massivement vers une action ou un secteur en particuliers sur fond de mode décorrélé des fondamentaux. Cette expression créée par Yardeni Research en 2013, est similaire aux « bulles spéculatives » que nous connaissons tous aujourd’hui. Monsieur Yardeni, et bien d’autres analystes, s’interrogent aujourd’hui sur la possibilité d’une nouvelle Mother Of All Melt Ups sur le marché, au travers de l’IA. En effet, avec l’engouement du grand public pour cette innovation depuis la fin 2022, de nombreuses sociétés dans l’univers des nouvelles technologies, qui utilisent l’IA au sein même de leur business, profitent de l’effet de mode actuel.

Les titres des sociétés investies dans l’IA ont vu leurs cours majoritairement à la hausse depuis le début d’année, et 8 méga-capitalisations en tirent leur épingle du jeu :

• Alphabet (NASDAQ : GOOGL)
• Amazon (NASDAQ : AMZN)
• Apple (NASDAS : AAPL)
• Meta (NASDAQ : META)
• Microsoft (NASDAQ : MSFT)
• Netflix (NASDAQ : NFLX)
• Nvidia (NASDAQ : NVDA)
• Sans oublier la société d’Elon Musk, Tesla (NASDAQ : TSLA), qui est tout autant partie prenante sur cette avancée technologique.

Avec l’envolée de leurs cours, ces 8 sociétés représentent plus de 10 700 milliards de dollars (USD) en capitalisation boursière cumulée, pour plus de 26% du S&P 500. Microsoft et Nvidia ont pleinement bénéficié de cet engouement du marché pour deux raisons distinctes. Microsoft a investi dans OpenAI et a intégré ses technologies dans ses services (notamment pour son moteur de recherche, Bing).

Nvidia connaît une croissance de son titre de plus 190% cette année. Portée par la conception des processeurs graphiques indispensables au fonctionnement de ChatGPT et Bard pour donner de la puissance de calcul à ces technologies.

Nvidia ne semble pas vouloir s’arrêter ici. Ces prévisions sont établies à 11 milliards de dollars pour le second trimestre 2023 contre 7 milliards habituellement. Côté français, Capgemini et la création d’un centre d’excellence lié à l’IA profite aussi d’un envol de son titre en bourse. Notamment porté par l’extension d’un contrat d’intelligence artificielle générative avec Google Cloud.

L’intelligence artificielle, nouvelle bulle spéculative ou opportunité de croissance ?

L’euphorie des investisseurs permet au S&P 500 d’être dans le vert depuis le début de l’année. Alors que l’indice devrait être en recul de 2%, sans les actions portées par l’IA. C’est ce qu’estimait en tout cas, Manish Kabra – stratégiste de la Société Générale. Alors oui, la bulle spéculative n’est plus un simple bruit de couloir mais est bel et bien au cœur des analyses des institutionnels. La Bank Of America parle de “bébé bulle” générée par l’IA. Alors qu’UBS évoque plutôt le terme de “craintes d’une bulle liées au récent bond des valorisations des sociétés se situant dans le secteur de l’IA”.

A tort ou à raison ? Nvidia par exemple, s’échange avec un ratio P/E de + 200 contre 58 pour Hermès par exemple, qui possède le multiple le plus généreux du CAC40. Le P/E est le cours de l’action en bourse divisé par le bénéfice attendu par action.

Néanmoins, le cas de Nvidia reste singulier. Cependant, il est important de noter que l’intelligence artificielle générative apporte un réel plus sur les marchés et pour ses utilisateurs. Nous ne sommes pas sur un effet de mode boursier comme pour l’impression 3D qui n’a pas réellement décollé depuis son apparition.
ChatGPT compte aujourd’hui plus de 200 millions d’utilisateurs. Le marché des services et des plateformes d’IA devrait passer de 36 milliards de dollars en 2020 à plus de 90 milliards en 2025.

« Si certains titres du secteur semblent désormais chers, ce qui nous amène à conseiller aux investisseurs de se montrer sélectifs, nous pensons également que le potentiel de croissance de l’IA reste important », poursuit la banque.

Une bulle limitée

Difficile d’affirmer que le marché de l’intelligence artificielle est une bulle spéculative. Notamment lorsque l’on voit que ce sont majoritairement que des grands groupes qui ont bénéficié de cet « effet IA ».

Il est probable à terme de voir une correction de marché, un consolidation plutôt qu’un éclatement de la bulle. En effet, ces sociétés, ces groupes ont déjà un core business très rentable. L’IA venant simplement ajouter de la valeur.

L’intérêt des petits porteurs n’a d’ailleurs pas encore atteint son point névralgique, souligne Joseph Zappia, co-directeur des investissements chez LVMW Advisors. Faisant même le parallèle avec la bulle crypto connue lors du Bull Run.

Comme pour tout, l’IA peut-être un secteur d’activité sur lequel investir et présente un fort potentiel de croissance. Néanmoins, prenez bien en compte le respect de votre stratégie avant de vous y lancer tête baissée. Montrez-vous très sélectifs dans le choix des sociétés sur lesquelles investir. Notamment du fait que certains titres sur le secteur semblent désormais chers.

Enfin, on notera que les analystes de Goldman Sachs estiment dans une analyse récente que la productivité du travail aux USA prendra +1,5% sur une décennie après l’adoption généralisée de l’IA générative. Et que le PIB mondial annuel pourrait aussi en profiter à hauteur de +7%. De quoi laisser de belles perspectives de croissance à l’intelligence artificielle.