L’investissement vert : comment miser sur l’avenir ?
Ni sourds ni aveugles face au changement climatique et problèmes environnementaux, les investisseurs ont su s’adapter depuis plusieurs années. Il est désormais possible d’investir plus raisonnablement. L’investissement vert se démocratise et peut s’avérer très intéressant.
Le changement climatique et les grands enjeux environnementaux ont gagné en importance depuis le début des années 2000. Ces questions sont évoquées dans les médias, par les associations et le personnel politique du monde entier. Cela a popularisé ces dernières années un type d’investissement plus durable et plus respectueux de l’environnement : l’investissement vert.
Mais avant d’aller plus loin, il est important de comprendre de quoi l’on parle lorsqu’on évoque “l’investissement durable”. C’est un type d’investissement destiné à des produits financiers ou à des entreprises respectueuses de l’environnement. En bref, vous choisissez de miser sur des entreprises ou des projets engagés.
Ils peuvent être non polluants ou favoriser un progrès technologique utile à l’environnement et le développement durable. L’investissement écologique couvre un grand nombre de secteurs comme l’énergie, l’urbanisme ou l’agroalimentaire. Aujourd’hui, plus qu’un marché de niche, l’investissement durable est un phénomène. De ce phénomène est né un domaine à part, l’investissement vert.
Qu’est-ce qu’un investissement vert ?
Ce nouveau type d’investissement intéresse également les entreprises, des start-up aux grandes multinationales. Soit les entreprises produisent elles-mêmes quelque chose d’écologie, comme Lactyips, qui développe des emballages biodégradables à base de protéine de lait. Soit elles intègrent les enjeux environnementaux dans un domaine spécifique dans leur activité. Elles peuvent aussi consacrer des fonds pour des causes écologiques, de la pollution au recyclage en passant par les énergies renouvelables. En 2020, Microsoft a par exemple annoncé vouloir investir 1 milliard de dollars en quatre ans dans un nouveau fonds pour l’innovation et la préservation du climat. Plusieurs entreprises bénéficiaires aideront le géant américain à être moins polluant, en développant des nouvelles technologies.
Par effet de chaîne, c’est ce qui vous intéresse en tant qu’investisseur potentiel. A vous de voir, vous pouvez investir sur des sociétés engagées dans la conservation des ressources naturelles, dans les sources d’énergie propres etc.
Mais comment investir ? Deux choix s’offrent à vous. Comme pour tout investissement, vous pouvez investir directement ou indirectement. Dans le premier cas de figure, vous tirez les bénéfices directement des activités écologiques de l’entreprise. Dans le second, votre profit est généré par une entreprise polluante mais qui décide de développer une ligne plus écologique.
Quels actifs financiers sont verts ?
Les investissements verts ont donc un fort potentiel. Le rentabilité couplée à une bonne conscience écologique pourrait intéresser un nombre exponentiel d’investisseurs dans un futur proche, tant les enjeux environnementaux se sont démocratisés auprès du grand public.
Mais quels sont les actifs financiers verts ? Outre les actions comme nous l’avons vu plus haut, il en existe d’autres qui s’adaptent à ces enjeux. Comme les ETF, ou fonds d’investissement coté. Plusieurs répondent à des critères environnementaux et durables comme le UBS ETF (LU) MSCI World Socially Responsible UCITS ETF qui est devenu le premier fonds durable à dépasser le milliard d’euros.
Vous pouvez aussi vous pencher sur les régimes de retraite qui orientent l’investissement vers des entreprises plus responsables. Vous pouvez espérer réaliser des économies pour la retraite de façon plus saine et y gagner donc sur le long terme.
Enfin, peu le savent, mais des cryptomonnaies ont été créées pour favoriser l’écologie dans leur utilisation. Au vu de l’essor de ces monnaies virtuelles ces dernières années, ce n’est pas négligeable. Le « Solar coin » par exemple, a pour but de valoriser la production de l’énergie solaire. Pour chaque mégawatt-heure produit, producteur comme particulier reçoit un token sur son portefeuille virtuel.
Miser sur les obligations vertes
Enfin, vous pouvez également investir une partie de votre épargne dans des fonds composés d’actions ou d’obligations vertes. Appelées également “green bonds”, elles sont émises par des acteurs publics ou des grandes entreprises du secteur énergétique ou de la construction. Leur but : financer la transition énergétique et d’autres projets ayant un impact positif sur l’environnement. En 2013 par exemple, EDF a émis des « green bonds » pour que des entreprises puissent construire l’ensemble du parc éolien catalan dans les Pyrénées-Orientales.
C’est un signe que les marchés financiers se préparent à la transition écologique. Elles semblent donc propices aux opportunités. Le marché a quadruplé entre 2015 et 2018, passant de 42 à 160 milliards de dollars. Et la demande des investisseurs reste forte aujourd’hui. Les acteurs de ce marché sont répartis dans 24 pays. Ils peuvent être par exemple des banques publiques ou privées, des entreprises, des collectivités régionales ou locales.
La France, pionnière de la finance verte
Pour nous, Français, ces obligations semblent d’autant plus appropriées. Car de façon générale, la France est considérée comme le deuxième émetteur de « green bonds » derrière la Chine et devant les États-Unis. En 2017, l’État français a émis le plus gros emprunt vert souverain d’une valeur de 7 milliards d’euros, supervisé par l’organisme de certification Vigeo. En 2019, le pays a émis plus de 15 milliards de “green bonds”.
Et c’est le secteur privé qui nourrit ce rayonnement. Près d’un quart des émissions d’obligations climat dans le monde proviennent des banques françaises, notamment Engie, Edf ou Sncf réseau. Le gouvernement français a aussi créé la marque « finance for tomorrow » pour faire de Paris « la capitale mondiale de la finance verte et durable ». Avec 27 % des “green bonds” souscrits par des Français, cela semble en bonne voie. Pour rappel, la France arrive aussi en première position du classement européen de la gestion des fonds verts, avec 32 % des actifs, devant la Suisse et le Royaume-Uni.
Ne pas confondre investissement vert et greenwashing
Mais attention à ne pas vous faire avoir par de trop belles promesses. Un investissement vert ne l’est pas toujours. C’est ce que l’on appelle le « greenwashing ». Une entreprise peut se contenter de changer l’apparat commercial d’un produit, mais pas ce qu’il contient. Sachez aussi que peu d’acteurs apportent la preuve de la contribution d’un investissement à des projets vertueux.
Si vous voulez être sûr que votre investissement soit écoresponsable ou profite réellement à la planète, sachez qu’il existe des labels servant à mettre en avant les meilleures opportunités. Deux semblent intéressants. D’abord, le label ISR, créé à la suite de la COP21. Il se centre sur des projets socialement et écologiquement responsables lancés par les entreprises. Vient ensuite le label Greenfin, lancé par le Ministère de l’écologie. Il garantit la qualité verte des fonds d’investissement et exclut ceux qui investissent dans des entreprises opérant dans le secteur nucléaire et les énergies fossiles.
En résumé
Dans un futur proche, l’investissement vert devrait se démocratiser encore davantage. Mais actuellement, tout le monde peut déjà investir de façon durable. Comme toujours, il faut avoir une méthode claire et une solide connaissance de ce marché. Selon vos préférences environnementales, sociales et votre propre code moral, vous trouverez forcément des actifs ou entreprises porteurs. Maintenant, vous savez qu’il n’est pas impossible d’allier investissement et écologie. C’est même le meilleur moyen d’allier rentabilité et intérêt commun.