Patrimonia : les points importants du salon des 29 et 30 septembre 2022

Conférence 1 – Réveil des menaces du passé. Inflation, remontée des taux, conflits armés, pénuries : sommes-nous en train de basculer dans un nouveau cycle économique ?

Dans cette première conférence de la Convention, trois économistes débattent sur l’économie mondiale et exposent leur point de vue sur les risques et les possibles évolutions économiques de notre société.

Intervenants :

• Patrick Artus (Économiste et professeur d’économie à l’École d’Économie de Paris (PSE-Paris School of Economics))
• Jacques Attali (Écrivain, chef d’entreprise, économiste et haut fonctionnaire français)
• Thierry Pouch (Économiste, chef du service études et prospectives de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture)

Les économistes sont d’accord pour dire que : “Nous sommes en train de vivre une rupture vers une économie de rareté. L’aisance monétaire des banques centrales est en train de disparaître (en mettant en avant la cause inflationniste)”. En d’autres termes, les banques centrales ne pourront pas éternellement s’appuyer sur l’injection de liquidités, ce qui entraînerait une hausse continue de l’inflation, mauvaise pour le fonctionnement de l’économie de manière générale.

Concernant l’augmentation des taux d’intérêt pour freiner l’inflation, les économistes étaient en désaccord.

Jacques Attali explique pour sa part : « C’est une grave erreur d’augmenter les taux d’intérêt. Nous pouvons faire l’inverse que ça aura le même résultat, mais c’est, malheureusement, le seul moyen qu’ont les banques centrales. Ils doivent s’intéresser aux causes plus profondes de l’inflation. Le problème n’est pas un problème monétaire, mais un problème d’investissement. »

Patrick Artus lui répond : « Je ne suis pas d’accord. La Fed a procédé à la bonne stratégie en augmentant les taux d’intérêt : moyen désinflationniste. Grâce à une politique monétaire plus agressive, l’inflation aux USA retombera plus vite qu’en Europe où la politique est plus lente et sécuritaire. La BCE doit augmenter au même rythme que la Fed les taux d’intérêt. Dans 2 ans, il y aura un retour à la normale. L’équilibre inflationniste sera de l’ordre de 3-4% par an. Nous devons ajuster les politiques d’inflation pour garder cette économie d’équilibre. »

Selon Jacques Attali, l’investissement doit se diriger dans la bonne direction : la santé, les énergies renouvelables, l’éducation, … Les principaux décideurs devront être d’une précision « chirurgicale » dans le choix des investissements sectoriels. Il faut que l’on soit plus rapide dans la décarbonisation de l’économie. Dans 20-30 ans, l’Europe sera en avance sur les autres et ainsi plus compétitive.

Il poursuit en expliquant que l’économie se dirige de plus en plus vers une finance de rareté de l’épargne, alors qu’elle était abondante. C’est le retour à la finance de la fin des années 90, début d’année 2000 (fin du quantitative easing = injection des liquidités des banques centrales, ces dernières devront limiter l’injection des liquidités déjà trop utilisées pendant la crise du COVID). Les marchés financiers seront plus volatils à l’avenir. Il pourrait y avoir une hausse des pressions fiscales pour empêcher les ménages à consommer et les inciter à investir davantage.

“On est dans une période d’investissement dans le « vert », dans un effort comme après la Seconde Guerre mondiale. Dans 30 ans, la population aura un capital neuf et décarboné.” explique Patrick Arthus, qui garde une vision optimiste de l’avenir.

Conférence 2 – Crypto-actifs. Danger ou eldorado ? Comment accompagner au mieux vos clients ?

Dans cette conférence consacrée aux cryptomonnaies, la représentante de l’AMF, Claire Castanet, fait une introduction en rappelant certains termes importants dont il faudra se souvenir à l’avenir (Bitcoin, Ethereum, PSAN, DeFi, tokens, …). Elle donne ensuite une définition des crypto-actifs dont il faut maintenir une mise en garde constante quant aux arnaques bien présentes dans cet univers encore relativement récent.

Intervenants :

• Claire Castanet (Directrice des relations avec les épargnants et de leur protection (AMF))
• Faustine Fleuret (Présidente et Directrice Générale, Association pour le développement des actifs numériques (ADAN))
• Louis Alexandre de Froissard (Gérant Associé de Montaigne Conseil)
• Owen Simonin – Hasheur (Président de Just Mining)

Claire Castanet explique que : “les crypto-actifs sont une source majeure d’innovation. Il est nécessaire de faire attention aux arnaques qui sont nombreuses. L’année dernière, les sommes moyennes perdues par les épargnants par des arnaques en crypto sont de l’ordre de 36 000€. L’éducation doit être mise en avant pour faire face à ces arnaques. Les PSAN auront, à l’avenir, un passeport européen leur permettant d’exercer leur activité de manière plus large.Il faut garder une vigilance constante concernant cette classe d’actif qui tend à se démocratiser de plus en plus et qu’il faudra absolument prendre en compte à l’avenir. Il faut se rapprocher des PSAN (prestataires de services sur actifs numériques) et être un des acteurs d’éducation permettant de mieux appréhender cette entité numérique virtuelle. La Directive MICA (le règlement européen du marché des crypto-actifs) va permettre de réguler ce nouveau marché et de donner plus de transparence.”

Heureusement, la France, avec l’AMF, est l’un des pays les plus avancés en termes de régulation et sait de mieux en mieux aborder cette classe d’actif. Un gros travail est fait pour éclaircir la fonction et clarification de chaque cryptomonnaie. La France est un des pays les plus réactifs dans ce domaine : « Nous sommes sur le bon chemin », d’après Owen Simonin, plus connu sous le nom de Hasheur.

Il est expliqué par ailleurs que les CIF (Conseillers en Investissements Financiers) peuvent fournir des services en crypto-actifs (services de conseils et de transactions) à partir du moment où ils sont exercés à titre accessoire.

Pour Louis Alexandre de Froissard : « L’avantage avec les cryptos, c’est de pouvoir détenir notre propre patrimoine, sans tiers de confiance. ». Effectivement les cryptos ne sont pas régies par les banques centrales et sont des actifs “indépendants” de toute institution.

Une des principales problématiques, qui est un des freins de l’adoption des cryptos, est sa fiscalité FOLLE (et « folle » est un bien petit mot, précise Louis Alexandre de Froissard) dans la déclaration des plus-value en crypto. C’est une zone de danger, car cela ralentit la démocratisation des cryptos. La problématique fiscale est travaillée depuis maintenant plus de 2 ans avec l’administration fiscale.

Si vous souhaitez vous exposer aux cryptos, l’achat-détention suffit largement, avec une bonne pratique de DCA (lisser le prix moyen d’acquisition pour diminuer la volatilité globale).

La volatilité tend cependant à diminuer progressivement, car de plus en plus d’individus commencent à investir sur cette classe d’actif (adoption progressive), il y a davantage de liquidité.

Une sorte de météo se met d’ailleurs en place avec des saisons (printemps, été, automne, hiver), où l’on peut dire que tous les 4 ans (halving = la division de la récompense des mineurs de bitcoins par 2) les cryptos se portent mieux. Il y aura forcément une nouvelle hausse, d’après Louis Alexandre de Froissard, car les marchés sont cycliques et que les crypto-actifs répondent à un certain nombre de besoins.

Une comparaison à l’ère d’avant Internet est par ailleurs effectuée, nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère où les cryptomonnaies et les nouvelles technologies qu’elles font ressortir amèneront de nouveaux progrès.

Pour conclure sur cette convention Patrimonia

Nous sommes sûrement en train de vivre de grands changements au sein de notre société. Économiquement, les sociétés devront évoluer pour répondre à de nouveaux besoins et au contexte géopolitique qui impacte grandement son économie. De nouveaux enjeux apparaissent, qui devront absolument être pris en compte, sous peine de conséquences importantes à l’avenir.

Une économie décarbonée, innovante tournée de plus en plus vers les besoins vitaux humains et non vers la surconsommation. Tout cela devra être suivi de près pour permettre un système sain, orienté efficacement vers nos véritables besoins.