Politique zéro Covid en Chine : désastre sur les marchés financiers ?

En cette fin 2022, la Chine pèse toujours sur l’économie comme deuxième puissance mondiale derrière les Etats-Unis, avec respectivement un PIB à 19 911,59 milliards de dollars (USD) pour le géant qui sommeille et plus de 25 milliards de dollars pour les USA. Mais elle fait aussi débat sur la scène boursière. Dans le viseur, sa politique 0 covid, de plus en plus critiquée et mise à mal par sa population locale, mais aussi d’un point de vue investisseurs.

Qu’en est-il vraiment aujourd’hui ? Quel est l’impact sur l’ensemble des places boursières mondiales ? C’est ce que nous allons voir ensemble maintenant.

La politique de Xi Jinping fragilise l’économie

La politique “zéro covid” de Xi Jinping fragilise l’ensemble de l’économie mondiale.
Les dépistages obligatoires, les quarantaines et confinements successifs pèsent fortement sur l’économie chinoise. L’activité est en baisse mais aussi la demande nationale, entraînant ainsi dans son sillage une baisse des prix des marchandises ces derniers mois.

Autre fait marquant, les milliardaires sont de moins en moins nombreux dans ce pays, puisque certains d’entre eux sont touchés de plein fouet par la crise immobilière que subit la Chine.

Cela constitue la plus forte baisse en 24 ans, selon un classement annuel, alors que la deuxième économie mondiale ralentit sous l’effet de sa stricte politique zéro Covid et de la crise immobilière qu’elle traverse depuis 2020.

Selon le classement établi par le cabinet chinois Hurun et publié début novembre, 1305 personnes en Chine ont une fortune estimée à au moins 5 milliards de yuans (682 millions d’euros, un chiffre en recul de 11% sur un an). Leur fortune cumulée avoisine les 3450 milliards d’euros, en baisse de 18%.

Les milliardaires chinois ont également souffert en Bourse, notamment du fait de la reprise en main du secteur high-tech par le gouvernement. Pony Ma, fondateur du géant de l’entreprise high-tech Tencent (société qui règne sur l’empire des jeux vidéos), a par exemple perdu 14,4 milliards de Yuans.

La politique stricte de Zéro Covid avec ses confinements et quarantaines obligatoires a eu pour conséquence un ralentissement de l’économie du fait de production réduite et d’une demande plus faible. Conséquence directe : moins de consommation de la part des Chinois ! Les exportations des entreprises chinoises sont aussi en baisse et accusent leur premier recul depuis mai 2020 sur une année (-0,7%).

Au-delà de la politique de Xi Jinping qui paralyse la production et grève la consommation, le ralentissement de l’économie mondiale sous fond de Guerre en Ukraine et de risque de récession mondiale pèse lourdement sur l’économie chinoise. Alors même que les analystes tablaient sur un simple ralentissement de la croissance des exportations en octobre et novembre, après un rebond des exportations en septembre (+5,7%).

Début novembre la Chine, et sa politique sanitaire stricte, continuait à brider la population et son économie. Les derniers événements en date, à l’heure de la réaction de cet article sont sans appel :

  • Un dépistage général a eu lieu au sud du pays, sur le territoire semi-autonome de Macao. 680 000 habitants étaient obligés de réaliser un dépistage après la détection d’une poignée de cas positifs.
  • 600 000 personnes ont été confinées autour de la principale usine de fabrication d’iPhone dans le monde, après la fuite d’employés stressés par la découverte d’un foyer de Covid-19.

Le Fonds monétaire international (FMI) prédit une croissance de 3,2% cette année en Chine, ce qui serait son rythme le plus faible en quatre décennies, hors pandémie.

Les retombées économiques mondiales

Face à tous ces éléments, les marchés ont plongé ces dernières semaines, faisant déjà face à un contexte géopolitique tendu et inquiétant depuis le début officiel de la Guerre en Ukraine le 24 février dernier. Ces éléments s’ajoutent à une inflation forte, une hausse des taux des différentes banques, la FED en tête, et donc globalement à un risque de récession mondiale.

Les impacts directs de cette politique zéro covid en Chine sont nombreux. Prenons un exemple concret, celui de la volatilité accrue du pétrole, WTI et Brent.

Les automobilistes peuvent remercier la Chine et sa politique du zéro Covid. En raison des quarantaines, confinements à répétition dans l’ex-Empire du milieu, la demande chinoise de pétrole a nettement faibli cette année, ce qui a compensé en partie les tensions liées à la guerre en Ukraine. Les estimations de l’Agence internationale de l’énergie publiées en septembre dernier mesure une baisse de 420 000 barils par rapport à 2021.

À l’inverse, le cours du pétrole s’envole dès que les autorités chinoises lèvent les restrictions sanitaires, faisant mécaniquement augmenter la demande en or noir dans le pays.

À titre d’exemple, si nous reprenons la journée du mardi 12 avril dernier, les deux références du pétrole grimpaient de plus de 5%. Portées par l’allègement des mesures anti-Covid en Chine vers 15h45, le Brent de la mer du Nord, référence du brut en Europe, se hissait de 5,55% à 103,95 dollars le baril, quand le WTI américain grimpait de 5,24% à 99,23 dollars le baril.

Mais le pétrole n’est pas le seul à avoir vu son cours varier au gré des assouplissements ou resserrements de la politique zéro covid de la Chine. Le dollar, le cours du porc et l’ensemble des marchés financiers ont subi la politique de la seconde puissance économique mondiale.

Vers une réouverture imminente de la Chine

Alors que les marchés sont optimistes en ce début de première semaine de décembre dans un contexte optimiste d’une fin de la politique zéro covid en Chine et donc d’une réouverture de l’économie du pays, la prudence reste de rigueur.

Les signaux d’un assouplissement de la politique anti-covid sont nombreux :

  • Plus de tests PCR obligatoires dans le centre financier de Shanghai pour entrer dans les lieux publics extérieurs ou pour prendre les transports en commun.
  • Les villes de Hangzhou et de Zhengzhou (ville du plus grand site de production d’Apple Inc (NASDAQ : AAPL) en Chine, ont annoncé des mesures similaires.

Aucune mesure nationale n’a encore été prise, mais nous noterons ici qu’il est peu probable que les décisions des gouvernements locaux aillent à l’encontre de la volonté du parti et du régime communiste de l’ancien Empire du milieu.

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Goldman Sachs reste de son côté sceptique. En effet, après avoir répondu au tweet dans le Wall Street journal, la banque américaine d’investissement (NYSE: GS) écrit que “les mesures d’assouplissement ne constituent pas encore un abandon de la politique du zéro covid”.

Croissance chinoise et désaturation des marchés ?

Le FMI a publié ses prévisions de croissance pour 2023 dans son traditionnel World Economic Outlook en octobre dernier. « La santé future de l’économie mondiale repose en grande partie sur le calibrage des politiques monétaires, du devenir de la guerre en Ukraine et des perturbations liées à l’offre, en lien avec les difficultés d’approvisionnement, notamment en Chine” estime le FMI dans son propos introductif. “La croissance mondiale devrait ralentir de 6% en 2021 à 3,2% en 2022 et 2,7% en 2023. »

L’ancien Empire du milieu resterait donc à la seconde place des puissances économiques mondiales, derrière les Etats-Unis, avec un PIB estimé à 21 000 milliards de dollars en 2023.

Les prochaines semaines s’annoncent donc primordiales pour la Chine dans son abaissement de la pression sanitaire liée à sa politique zéro covid, qui entraînera de surcroît de nouvelles fluctuations importantes sur les marchés financiers.

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