Meta Platforms sombre après avoir dévoilé ses résultats
La société de Mark Zuckerberg, Meta Platforms, ou anciennement Facebook, a présenté des résultats financiers du troisième trimestre étonnamment faibles, suscitant la surprise des analystes.
Meta a confirmé les difficultés rencontrées par les FAANG, qui ont fait l’objet d’une vague de vente après que Microsoft et Alphabet n’aient pas non plus répondu aux attentes des investisseurs. Les actions ont perdu près de 20 % à la suite de la publication des résultats trimestriels et se sont repliées à des niveaux qui n’avaient pas été observés depuis 2016.
Est-ce la fin du géant de la tech et des projets de Mark Zuckerberg ?
Tour d’horizon des résultats trimestriels
- Bénéfice par action (BPA) : 1,64 $ contre 1,89 $ attendu (Refinitiv).
- Chiffre d’affaires : 27,71 milliards de dollars contre 27,38 milliards de dollars de prévisions (Refinitiv).
- Utilisateurs actifs mensuels (MAU) : 2,96 milliards contre 2,94 milliards attendus (StreetAccount)
- Utilisateurs actifs quotidiens (DAUs) : 1,98 milliard contre 1,98 milliard attendus (StreetAccount)
- Revenu moyen par utilisateur (ARPU) : 9,41 $ contre 9,83 $ attendus (StreetAccount)
La société a annoncé une nouvelle baisse consécutive de son chiffre d’affaires trimestriel, et le chiffre d’affaires attendu pour le quatrième trimestre n’a pas répondu aux attentes des analystes. Selon les prévisions de la société, le chiffre d’affaires du T4 sera compris entre 30 et 32,5 milliards de dollars, Wall Street s’attendant à un minimum de 32,2 milliards de dollars. La division » Reality Labs « , qui développe la technologie du Metaverse et tout ce qui est relatif à la technologie VR (réalité virtuelle), a perdu 9 milliards de dollars au cours des trois premiers trimestres de cette année.
Meta est confronté à la hausse des coûts, qui ont augmenté de 19 % en glissement annuel pour atteindre 22,1 milliards de dollars, tandis que le résultat d’exploitation a chuté de 46 %. La marge d’exploitation a également chuté à 20%, contre 36% au troisième trimestre 2021. Le bénéfice net a chuté de 52 %, à 4,4 milliards de dollars. Si les baisses sont effectivement significatives, il convient toutefois de noter que la société dispose toujours d’une quantité importante de liquidités à investir dans le développement et qu’elle ne présente pas de dette significative, ce qui amène certains investisseurs à penser que Mark Zuckerberg sera effectivement en mesure de « confirmer » la révolution des mondes virtuels « Metaverse ».
La société a été durement touchée par le ralentissement du secteur de la publicité, les annonceurs se retirant face au ralentissement de la consommation et à un environnement macroéconomique incertain. Cela ne devrait toutefois pas être une surprise : les rapports publiés précédemment par des sociétés tirant leurs bénéfices principalement du secteur de la publicité, comme Snap et Alphabet, laissaient présager un ralentissement très probable des revenus de Meta et un rapport plus faible. Cependant, les analystes ont été surpris par l’ampleur du ralentissement et l’affaiblissement des prévisions. Ces difficultés ont largement été aggravées par la mise à jour des conditions relatives à la vie privée par la société Apple, permettant aux utilisateurs de décider d’afficher ou non des publicités. L’entreprise doit également faire face à une concurrence croissante de la part de TikTok et continue de perdre du terrain en raison des dépenses coûteuses engagées pour développer son Metaverse.
Metaverse, une utopie ?
Le Métaverse de Meta peine à convaincre. Ce scepticisme prend de l’ampleur au sein même de la société, et il est récemment apparu que les employés sont peu convaincus par ce projet, et qualifient même Horizon Worlds d’”expérience déroutante et frustrante”. Le chiffre d’affaires de Reality Labs est tombé à 285 millions de dollars, soit une baisse de près de moitié par rapport au troisième trimestre de 2021. La perte se creuse à 3,67 milliards de dollars, contre 2,63 milliards de dollars au T3 2021. Les fervents défenseurs de Meta diront que la perte trimestrielle liée à l’expansion du Metaverse est toujours inférieure au bénéfice net trimestriel, donc Zuckerberg peut encore se permettre de développer des concepts futuristes.
Le problème, cependant, est que la fin des pertes n’est pas à l’horizon. Les ventes de casques VR et de logiciels Metaverse pourraient connaître un ralentissement dans le contexte du ralentissement technologique mondial et de la réduction des dépenses de consommation. Microsoft a signalé une baisse de la demande d’ordinateurs personnels, et les fabricants de semi-conducteurs Intel et AMD ont également fait allusion à une possible « récession » du marché technologique. Ce ralentissement pourrait s’étendre aux ventes des appareils Oculus, ce qui place la société dans une position encore plus difficile.
Une réduction des coûts qui ne tient pas ses promesses
Meta a déclaré avoir réduit ses effectifs tout en restant focalisé sur ses projets les plus importants. Cependant, la réduction des dépenses ne se reflète toujours pas sur les marges de l’entreprise en nette baisse. Meta Platforms ne s’attend toutefois pas à une nouvelle vague de licenciements. Selon certaines estimations, l’emploi à la fin de l’année 2023 avoisinera celui du troisième trimestre de 2022.
L’entreprise tire sa motivation du fait que le nombre d’utilisateurs des grandes plateformes Facebook et Instagram continue de croître et leur permet de maintenir leur place dans le top 5 des plateformes de médias sociaux les plus visitées au monde (Facebook reste le plus populaire, Instagram tient la 4ème position). Meta a indiqué avoir enregistré 197 millions d’utilisateurs actifs quotidiens aux États-Unis et au Canada, soit une augmentation de 1 million par rapport au troisième trimestre 2021. L’entreprise tire toujours l’essentiel de ses revenus des utilisateurs d’Amérique du Nord.
Cependant, tant que le spectre d’une récession plane, les revenus de l’entreprise peineront à retrouver des couleurs, et le ralentissement du marché publicitaire pourrait s’aggraver.
Des difficultés « passagères » ?
La chute des actions de Meta et celle des géants de la Silicon Valley illustre le risque des valorisations boursières qui se détachent des fondamentaux. Dans les moments d’euphorie extrême, les investisseurs ont tendance à surévaluer les actions dites « phares » et à élaborer un concept de « changement de paradigme » pour justifier la « croissance perpétuelle ». Les entreprises qui affichent des résultats étonnamment bons finissent par devenir « esclaves » d’attentes de plus en plus élevées et ne sont pas toujours en mesure d’y répondre pour satisfaire Wall Street. Cependant, le marché boursier est régi par les émotions et ce dernier a tendance à aller dans les extrêmes et à osciller entre le « noir et le blanc ». Quoiqu’il en soit, la baisse massive du titre Meta devrait susciter l’intérêt des investisseurs à contre-courant.
Il convient tout de même de noter que Mark Zuckerbreg a indiqué en 2021 que la société allait subir une transformation « douloureuse » et risquée pour passer d’une plateforme sociale à un centre technologique pour les mondes virtuels du Metaverse à long terme, ce qu’elle a scellé par un changement de nom. Alors que Meta Platforms domine le marché actuel de la réalité virtuelle grâce à ses appareils Oculus très convoités, et que le « Metaverse » est effectivement susceptible de voir le jour, cela ne se produira certainement pas pendant la récession actuelle.
Point technique :
La baisse totale de la capitalisation suite à la publication des résultats de Meta a atteint près de 65 milliards de dollars. Après une baisse de plus de 74% depuis ses sommets, rythmée par deux gaps baissiers massifs de plus de 20%, le prix évolue inlassablement dans une tendance baissière depuis le croisement des moyennes mobiles 50 (courbe verte) et 200 (courbe rouge).
Au moment de la rédaction de ces lignes, le titre n’a pas réussi à reconquérir le seuil psychologique de 100$, rendant impossible toute perspective haussière, tout en menaçant de tomber prochainement à 90$. Mais dans le même temps, le nombre d’utilisateurs de Facebook a augmenté de près de 60 % et le nombre d’utilisateurs d’Instagram ne cesse de grimper.
Il est possible que Wall Street ait surréagi aux résultats trimestriels et que l’action connaisse une nette reprise lorsque le climat d’investissement commencera à s’améliorer et que les entreprises augmenteront à nouveau leurs dépenses publicitaires. Une fois ce moment venu, il sera intéressant de confirmer la théorie indiquant qu’un gap sera toujours comblé, tôt ou tard…
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