TOUT SAVOIR sur les CHANDELIERS JAPONAIS !
Transcription
Que seraient aujourd’hui les investisseurs et hommes d’affaires sans les représentations graphiques du marché ? Sans les courbes qui retranscrivent visuellement le rythme effréné de l’économie ? Les outils graphiques font aujourd’hui partie intégrante du quotidien des traders. Ils sont très variés et n’ont pas tous la même utilité ni utilisation. Devenus aujourd’hui incontournables dans les salles de marchés, les chandeliers japonais sont les outils d’analyse graphique de référence. Ils fascinent autant par leur ancienneté que par les légendes qui gravitent autour. C’est leur histoire que nous vous racontons aujourd’hui dans ce nouvel épisode d’HISTOIRE de la BOURSE, c’est parti !
Mais avant de nous jeter à corps perdus dans une nouvelle histoire de la Bourse, essayons de comprendre de quoi il s’agit…
C’est quoi les chandeliers japonais ?
En une phrase, les chandeliers japonais sont des représentations graphiques, des outils d’analyse boursière qui sont sans doute les plus utilisés par les traders au quotidien. Ce drôle de nom provient tout simplement de la forme que prennent les courbes sur les écrans. Elles sont en forme de bougies : un rectangle vertical qui possède un trait fin également vertical à son sommet, aussi appelé “mèche”.
Ce type de graphique – au même titre que l’affichage en ligne ou en barres – représente l’évolution d’un cours pendant une période donnée. Celle-ci est elle-même divisée en périodes élémentaires successives de même durée, chacune étant représentée par un chandelier. C’est justement la juxtaposition de tous ces chandeliers sur le graphique qui montre la variation du cours dans la période ciblée. L’utilisation de ces bougies japonaises, aussi appelées “candlesticks”, est agréable à l’œil car le corps des bougies est plein (ou coloré). Mais en plus de cela, elles donnent au trader un ensemble d’informations très précieuses. En théorie, l’analyse d’un graphique en chandeliers sur une période passée est supposée donner des indications sur le cours futur.
Pour découvrir leur origine, il faut remonter le temps, bien avant même l’électronique. Tout est parti de l’ingéniosité d’un seul homme …
Munehisa Honma, le “trader samouraï”
Pour découvrir l’histoire de ces outils remarquables, faisons un bond de près de 300 ans en arrière. Les célèbres chandeliers n’ont en effet pas attendu le numérique pour se développer, puisqu’ils sont nés au Japon au XVIIIe siècle. Ce qui fait de cet outil d’analyse le plus ancien au monde. Officiellement, les chandeliers japonais ont été théorisés par le marchand Munehisa Honma. Il a vécu en 1724 et 1803. Son but est, à l’époque, de représenter et anticiper les cours du riz dans ce qui était le premier marché à terme du monde.
En consignant quotidiennement les prix du riz (niveaux d’ouverture, de clôture et extrémités) et en les représentant graphiquement, Munehisa Honma parvient à distinguer des formations aux conséquences récurrentes, qu’il exploite brillamment sur les marchés. A sa mort au tout début du XIXe siècle, il laisse à la postérité deux livres sur le fonctionnement des marchés desquels résultent aujourd’hui l’actuelle théorie des chandeliers : Sakata senho et Soba sani no den.
Plusieurs siècles plus tard, Munehisa Honma est devenu une des figures les plus importantes de la finance pré-contemporaine. Cet innovateur est surnommé le « dieu des marchés » à son époque et est considéré comme le “père” de l’analyse des prix et de l’analyse technique. Evidemment, beaucoup de rumeurs circulent. Honma aurait en effet gagné l’équivalent de 10 milliards de dollars d’aujourd’hui sur les marchés du riz japonais. Une chose demeure certaine : sa réputation était telle qu’il fut consultant financier pour le gouvernement de son pays avant d’être élevé plus tard au rang de samouraï honoraire.
Même si les chandeliers japonais sont aujourd’hui incontournables, il n’en a pas toujours été ainsi. Il a fallu quasiment 200 ans à la théorie de Honma pour parvenir jusqu’à l’Occident…
Steve Nison, héritier spirituel
C’est en 1991 qu’un certain Steve Nison, analyste technique et ancien vice-président de Daiwa Securities, révèle les chandeliers japonais au monde occidental grâce à son livre Japanese candlestick charting technique. Tout est parti d’une rencontre avec un courtier japonais qui utilisait cet outil pour analyser le marché. L’Américain a alors envie de faire des recherches poussées pour comprendre et maîtriser cette approche.
Dans cet ouvrage, il présente les “candlesticks” comme “un système technique raffiné par des siècles d’utilisation. Un système tellement versatile qu’il peut être fusionné avec n’importe quel outil technique occidental”. L’Américain devient par la suite président de Nison Research International, sa propre société de recherche boursière proposant des conseils personnalisés à des clients institutionnels. Il analyse les marchés avec cette méthode depuis près de 30 ans. Pour lui, elle est presque parfaite. “Les techniques des chandeliers peuvent être mises à profit tant pour spéculer que pour se couvrir. Elles peuvent être utilisées sur les marchés de futures, les actions, les options, ou sur n’importe quel autre marché où l’analyse technique est utilisée.” Son livre, qui fait aujourd’hui référence, a été une révolution à l’époque. “Chaque fois que Steve Nison s’exprime sur les graphiques en chandeliers, tous nos clients l’écoutent et deviennent insatiables. De plus en plus d’analystes se sont convertis à la méthode” écrivait Reuters lors de la sortie.
En conclusion, les chandeliers ou bougies Japonaises sont des outils très efficaces dans les mains de traders habiles et avisés. Ces graphiques, de par leur ancienneté, sont sources d’expériences, en plus d’être très agréables pour l’œil. Ils permettent de construire des analyses précises. Attention cependant, les chandeliers doivent demeurer une aide à la décision et ne sont nullement rattachés à des règles rigides. Malgré le mysticisme qui entoure leur création et leur côté iconique, ils ne constituent pas un gage de réussite en soi. Les investisseurs ambitieux mais malins retiendront la maxime qui ouvre le livre de Nison et qui sonne comme un proverbe asiatique, “un faucon malin cache ses griffes”.