Paul Tudor Jones, l’homme qui a anticipé le lundi noir de 1987

Gestionnaire de fonds spéculatifs hors pair, Paul Tudor Jones est l’un des traders les plus importants du siècle passé. À la tête de sa société Tudor Group, il a multiplié pendant des décennies les coups de maîtres tout en affichant une régularité impressionnante. S’il se revendique de la vieille école du trading, il s’est récemment posé en défenseur des cryptomonnaies. 

Paul Tudor Jones II est un redoutable investisseur et gestionnaire de fonds de couverture américain. Mondialement reconnu pour ses brillants résultats et son habileté sur les marchés, il a marqué l’Histoire de la finance de son empreinte.

Mais avant ça, il est né en 1954 dans le Tennessee à Memphis. Très tôt et tout au long de ses études, il s’est distingué des autres, excellant dans des domaines extrêmement variés et ayant souvent des responsabilités. Il a d’abord étudié à l’université de sa ville natale où il présidait l’une des fraternités. Il est aussi devenu champion universitaire en boxe amateur. Suite à l’obtention de son diplôme d’économie, il a commencé à travailler dès 1976 sur les marchés financiers en se faisant embaucher par le broker E.F. Hutton. Au bout de deux ans, il postule à Harvard mais estime finalement que l’école ne lui enseignera plus rien d’utile pour exercer le métier dont il rêve.

Mais d’où lui est venu cet attrait pour les marchés financiers ? Jones a souvent raconté que ce fut indirectement grâce à son père. Il faut savoir que ce dernier dirigeait un journal commercial et juridique dans lequel le jeune Paul Tudor rédigeait des articles au cours de ses études universitaires, sous le pseudonyme « Eagle Jones ». C’est à ce moment-là qu’il aurait lu un article sur Richard Dennis, le célèbre trader de matières premières qui a formé le groupe des « Turtle traders », qui l’aurait profondément marqué.

Paul Tudor Jones : un brillant gestionnaire

C’est en 1980, quatre ans après avoir obtenu son diplôme universitaire, que Jones décide de commencer à trader seul. Il devient alors trader indépendant au Cotton Exchange de New York. Il connaît d’ailleurs un certain succès. C’est simple, pendant quatre ans, il n’a connu qu’un seul mois de perte. Il décide ensuite en 1984, de se lancer dans la gestion de fonds de couverture.

L’Américain lance alors le Tudor Investment Corporation avec un actif sous gestion de 1,5 million de dollars. Cette société a son siège social à Greenwich dans le Connecticut. Rapidement, le Tudor Group, composé de Tudor Investment Corporation et de ses sociétés affiliées, participe au trading, à l’investissement et à la recherche d’actifs dans des catégories d’actifs à revenu fixe. Que ce soit en devises, en titres et en produits de base. Mais aussi sur des produits dérivés et autres instruments sur marchés mondiaux. Leurs capacités d’investissement concernent le trading global, les investissements en actions aux États-Unis et en Europe, les marchés émergents, le capital-risque ou encore les matières premières.

Pour la petite histoire, depuis 2014, la valeur nette de Jones n’est jamais descendue en dessous des 4 milliards de dollars. Jusqu’en 2008, Paul Tudor Jones n’a pas connu une seule année difficile. Pendant près de 20 ans, le retour à +1,6 % en 1993 a été sa pire année.  Paul Tudor Jones, toujours à la tête de son groupe aujourd’hui, gère plus de 13 milliards de dollars. Forbes le considère comme l’un des 40 gérants d’hedge fund les mieux rémunérés au monde. À titre personnel, sa fortune est estimée à 5,8 milliards de dollars ce qui fait de lui le 320e homme le plus riche de la planète.

Le coup de génie

Sans compter ses résultats plus qu’impressionnants, le natif du Tennessee a surtout marqué l’histoire de la finance par ses coups de maîtres qui sont encore racontés comme des légendes. Paul Tudor Jones est en effet connu pour avoir prédit et profité du Black Monday. Ce nom fait référence au lundi 19 octobre 1987, jour où l’ensemble des marchés mondiaux ont connu d’importantes chutes. Ce jour-là le Dow Jones par exemple perdit près de 23 %. Ces chutes ont été causées par plusieurs éléments : les fortes variations du dollar depuis 1985 ou encore l’automatisation des opérations de trading qui auraient eu comme effet d’amplifier les variations des valeurs.

Peu de temps avant le krach, grâce à l’analyse technique et à l’analyse des données historiques du S&P, Paul Tudor Jones a anticipé la catastrophe. Il s’est donc mis à massivement shorter les actions US. Avec une baisse de plus de 22 % en une seule journée pour le Dow Jones, Paul Tudor Jones a gagné en 24 heures plus de 100 millions de dollars. Un pari qui l’a rendu mondialement célèbre sur les marchés financiers. Si bien qu’un documentaire intitulé Trader – et diffusé peu de temps après le Black Monday – montrait comment Paul Tudor Jones s’y était pris. Mais, petite anecdote, ce dernier a alors tout fait pour interdire d’autres diffusions et a acheté un maximum de copies pour ne pas dévoiler ses secrets de trading.

L’homme a donc toujours été une figure inspirante de la finance. Lorsqu’il était directeur de la Future Industry Association, il plaidait en faveur de la mise en place de la première formation en éthique. Elle est aujourd’hui devenue la norme d’adhésion à tous les échanges sur les marchés à terme aux États-Unis.

Talentueux mais pas tête-brûlée

Certes, Paul Tudor Jones est considéré comme l’un des plus grands traders du XXe siècle. Mais pourtant, malgré ses coups de génie et ses résultats exceptionnels, il est loin de prôner la prise de risque à tout prix sur les marchés. Sa crainte absolue, il le reconnaît lui-même, c’est de subir des pertes. « Je pense que je suis l’investisseur le plus conservateur au monde » a-t-il un jour confié. « Je dirais que ma philosophie d’investissement est que je ne prends pas beaucoup de risques. Je cherche des trades avec des opportunités de risque de récompense extrêmement asymétrique. 90 % de ce qui fait un grand trader est le contrôle des risques. Ne négociez jamais dans des situations où vous n’avez pas le contrôle » prône-t-il souvent.

Paul Tudor Jones un fan du bitcoin

Ce n’est plus un secret pour personne sur les marchés, Paul Tudor Jones mise grandement sur la reine des cryptomonnaies. Dans une lettre de conseils d’investissement envoyée en mai 2020 à ses clients, le fin gestionnaire déclarait avoir autorisé son fonds spéculatif Tudor BVI à allouer « une petite partie » de ses actifs aux contrats à terme sur le bitcoin.

Jones s’est intéressé au BTC pour la première fois en 2017, doublant son argent avant de le vendre à près de 20 000 USD, son plus haut niveau (de l’époque). Pour lui les bitcoins représentent « la quintessence de la rareté ». « Le bitcoin me rappelle l’or lorsque je me suis lancé dans ce secteur en 1976 », expliquait-il dans cette lettre.

Mais dans une interview accordée peu de temps après à CNBC, il est allé plus loin en déclarant que Wall Street pourrait assister à la « naissance historique d’une réserve de valeur » avec le bitcoin. Il a également confié détenir près de 2 % de ses actifs en cryptomonnaie. Même sa légendaire prudence n’a pas pu camoufler intégralement son enthousiasme  « Le BTC n’a pas encore résisté à l’épreuve du temps, comme l’a fait l’or par exemple. Mais chaque jour qui passe où le bitcoin survit, la confiance augmente ».

Philanthrope

Paul Tudor Jones est aussi un trader qui utilise une partie importante de sa fortune pour faire des dons. Il a notamment fait de nombreux dons à l’Université de Virginie : 35 millions de dollars pour un nouveau gymnase ou encore 12 millions pour la création d’un nouveau centre des sciences contemplatives. À noter également qu’en 1988, il a cofondé la Robin Hood Foundation, qui a pour objectif de réduire la pauvreté dans la ville de New-York.

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